Et voila, le spectacle tant attendu par les tchadiens vient d’avoir lieu. Comme chaque année, les autorités tchadiennes débloquent des millions de fcfa pour le grand concours de l’année de Miss Tchad. Contrairement aux précédentes, cette année l’élection de Miss Tchad qui s’est tenue à Libya Hotel ce soir du samedi 27 décembre, bat le record de la médiocrité, de l’amateurisme, de la mauvaise organisation, de la honte et du délire.
D’abord, je suis ulcéré par la performance des animateurs particulièrement celui en français qui semble être recruté directement d’un cabaret d’un village amazonien. Par ses commentaires indécentes et son comportements, ses frasques et son arrogance sur la scène, beaucoup de celles et ceux qui ont suivi le spectacle ont été choqué par cette attitude.
Il ne faut pas en vouloir aux candidates mais plutôt au comité d’organisation qui a été recruté sur quel critère avec à sa tête le ministre de la culture en personne.
Une remarque intéressante qui mérite d’être citée, c’est la présence de tant de personnalités politiques qui n’avaient rien à faire à la cérémonie. Faut être au Tchad pour voir une telle honte sans parler de l’amateurisme des techniciens de la télé-Tchad.
Les moments les plus forts
Pour nous dire sa taille, une des candidates nous prouves que les Sao du Tchad, non seulement ils ne sont pas des mythes, mais qu’ils existent encore. Je la cite »Je mesure 58kilometres ». Une vraie descendante de Sao.
Si certaines candidates sont au ciel, d’autre sont sur la terre, et vive la réalité tchadienne. L’une des candidates nous conseille d’oublier le pétrole. Un conseil logique car depuis l’exploitation du pétrole en 2003, la manne pétrolière ne profite qu’à une petite minorité, les proches du président. Le Lamda ne connait ni la couleur, ni l’odeur de ce pétrole que l’on en parle tant.
Ne demandez pas l’âge d’une jeune fille surtout. Pour impressionner le jury, une candidate a pris la peine de convertir son âge en jour. «Je suis âgée de 6 935 jours.» C’est-à-dire 19 ans. Une petite explication s’impose pour ceux qui sont nul en maths.
On sait que qu’une année à 360 jours. Cependant, 6 935/360=19, 26. Ce qui nous donne 19 ans. Elle aurait dû convertir en seconde pour être plus précise.
La beauté intellectuelle des candidates Miss Tchad 2015 est splendide. Une géographe qui a mal mémoriser ses cours nous fait découvrir les mystères du Tchad. Elle est de la région de l’Ennedi-Est spécifiquement d’Amdjarass et si elle est élue Miss Tchad 2015, elle va «lutter contre les feux des brousses fréquemment dans la région.» C’est une cause noble de préserver l’environnement et la forêt. Sauf que L’ennedi-Est se situe en plein désert du Sahara et sans arbres. En plus de cela, jamais entendu parler d’un feu de brousse au Tchad. Elle aurait peut-être voulu parler des »feux de sables ».
Et puis, quand on porte de talons, il faut marcher comme une princesses et non sautiller comme une grenouille.
Miss cinquantenaire (50)
Lors de la commémoration des 50 ans d’indépendance du Tchad, la première Dame Hinda Deby, connu pour ses frasques démesurés et ses gout du moyen âge, eu l’idée de faire une Miss cinquantenaire. C’est-a-dire chaque 50 ans.
C’est ainsi que depuis lors, le Tchad a une Miss cinquantenaire, qui nous fait l’honneur de prendre part de manière respectable avec sa couronne. Visiblement elle est bien décidée de garder sa couronne pour la prochaine Miss Centenaire (100ans) dans 45 ans.
Miss Tchad, Miss Mascarade
La compétition de Miss doit répondre à des critères de beauté spécifique et un niveau d’intelligence et de bagage culturel et intellectuel qui par la suite affiche des messages qui ont une dimension sociale certaine, car la »beauté » qu’elle incarne se définit à l’aune des critères qui ont présidé non seulement à sa présélection, mais aussi à son élection. Sauf que la sélection de Miss au Tchad n’obéit à aucun principe, aucun professionnalisme, aucune étude sociologique, aucune promotion véritablement qualificative, à part celle de la médiocrité, de la honte et de la déception.
Lire===> MissTchad2015 ou comment on a grillé tout un peuple en live
Un tel événement est censé propulser la culture et l’image du pays au reste du monde et influencer la jeunesse dans la bonne marche. Qu’en dit-on alors si les concernées ne savent s’exprimer en bon français ou en arabe compréhensible?
Il ne s’agit pas de ramasser des filles pour dire voila y a une Miss Tchad, mais savoir la dimension socio-culturelle qu’elle porte dans la société.
Merci quand même pour ce moment de honte.
Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Rédacteur de Jeunes Tchad
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