A l’occasion des célébrations du 55e anniversaire de l’indépendance du Tchad le 11 août, le président tchadien Idriss Déby s’est félicité de la « décapitation » du mouvement islamiste et a déconseillé au gouvernement nigérian de répondre à la demande de négociation qui lui avait été adressée.
Le président Idriss Deby est beaucoup plus préoccupé de la sécurité de ses voisins que de celle de ses compatriotes. Depuis le 15 juin, plusieurs attentats terroristes ont secoué la capitale tchadienne faisant des dizaines de morts et centaines de blessés. Devant cette situation de crise, le président s’est retiré à Amdjarass, son village natal et cela dans toute indifférence de la peur qui règne à Ndjamena. Aucune déclaration n’a été faite. Aucun message de soutien aux familles des victimes. Pendant que les Tchadiens sombrent dans la terreur, le chef de l’Etat s’offre des vacances tranquilles.
Le soir du mardi 11 août, Idriss Deby rassure ses voisins camerounais et nigérians. Il déclare que Boko Haram est « décapité », ajoutant que le défi était maintenant d’« éviter les actions terroristes » dans la région du lac Tchad. Ce n’est pas la première fois que Déby fait des annonces qui par la suite sont révélées fausses. Voici quelques exemples :
Je sais, mais je ne sais pas
Le mercredi 4 mars, avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, en visite à Ndjamena, Déby affirmait savoir où se trouvait Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste. «Abubakar Shekau doit se rendre. Nous savons où il est. S’il ne se livre pas, il subira le même sort que ses compatriotes » avait-il ainsi menacé.
Deux mois plus tard, le 11 mai en visite dans la capitale nigériane Abuja, pour une réunion de travail avec le président sortant, Goodluck Jonathan, dans une conférence de presse face à la demande des autorités nigérianes, Idriss Débya affirmait : « Je ne peux pas vous dire aujourd’hui que je sais où Shekau se cache? Et même si je savais, je ne vous le dirais pas ».
Négociation avec Boko Haram
Sur les ondes de RFI, le chef de la diplomatie tchadienne Moussa Faki annonçait en grande pompe des pourparlers entre les autorités nigérianes et la secte islamiste Boko Haram à Ndjamena. Une annonce que la secte islamiste a démentie formellement dans une vidéo publiée le 31 octobre 2014.
La libération des filles de Chibok
Le 18 octobre 2014, Moussa Faki, ministre des Affaires étrangères du Tchad annonce dans le cadre du dialogue à Ndjamena que «Boko Haram s’est engagé à libérer […] les jeunes filles enlevées à Chibok ». Malheureusement, ce n’était que du pur mensonge démenti par la secte islamiste elle-même. Les filles enlevées de Chibok sont toujours portées disparues.
La mort d’Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar
S’il y avait le prix Nobel du mensonge, c’est au président tchadien Idriss Déby qu’il serait décerné Début 2013, le Tchad déploie une force militaire au Nord-Mali pour combattre les islamistes. Deux chefs islamistes appartenant à Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, sont supposés morts, en tout cas pour le président tchadien. Il réaffirme, lundi 4 mars 2013, que les deux chefs islamistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar avaient été tués » lors d’affrontements le 22 février et le 2 mars 2013″ dans le nord du Mali. Malgré les doutes français, Idriss Déby Itno persiste et signe.
Déby détient même la preuve de ses déclarations et le fait savoir : « C’est par respect des principes de l’islam que les dépouilles de ces deux terroristes n’ont pu être exposées. C’est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian, ndlr) qui souhaiterait avoir des preuves ».
Mokhtar Belmokhtar a été « ressuscité » et déclaré vivant en Libye contrairement à Abou Zeid tué par le bombardement de l’armée française au Nord-Mali.
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, activiste politique.
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