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Tchad: Après les élections, les tchadiens se préparent à la guerre

Au Tchad, le Conseil constitutionnel a approuvé le 3 mai, la réélection du président tchadien Idriss Deby, au pouvoir depuis 26 ans. Lors du scrutin du 10 avril, plus de la moitié de la population s’est présentée aux urnes pour élire pacifiquement leur futur président, et ce dans l’espoir de changer leur quotidien.

Sans grande surprise, Idriss Deby est déclarée vainqueur dès le premier tour par la CENI, malgré les nombreuses et graves irrégularités. A vrai dire, depuis plus de 50 ans de guerre civile et de conquête du pouvoir par les armes, cette élection apparait comme la première véritable expérience démocratique, qui a vu des tchadiens, y compris les militaires, braver le pouvoir en place par leur vote. En volant le suffrage des tchadiens, Idriss Deby leur a transmis ce message clair : le pouvoir ne se conquiert pas par les urnes mais bien par les armes !
D’abord la « célébration armée » des résultats provisoires du 22 avril en est une simple illustration.

Ensuite, selon les témoignages, Idriss Deby et son clan ont mis sur pied deux milices tribales au Nord-est, dans la région de l’Ennedi-Est. Selon les villageois, ces miliciens parlent l’arabe Soudanais du Darfour ; mai ils signalent aussi le passage de convois d’armes venant du Soudan en direction du nord ouest, vers la frontière Niger-Libye.

D’autres sources soudanaises confirment la présence des groupes armés au Soudan, mais qu’il s’agirait plutôt des réseaux de passeurs djihadistes de l’Etat islamique, qui circulent entre la Libye et le Soudan. Enfin, l’arsenal militaire déployé dans la capitale après les résultats du vote n’a laissé personne indifférent. Les jeunes  »zoulou » ont eu plusieurs concertations lors des sorties entre jeunes du clan sur l’idée d’une révolte citoyenne de masse contre eux. En cas de guerre, ils ne peuvent se refugier et se défendre que chez eux, en raison des bonnes relations avec le Soudan et de la présence militaire française dans le Nord, empêchant toute offensive venant de la Libye ou du Soudan.

La grande inquiétude reste du Sud et cela pour deux raison:

D’une part, le nouveau Président centrafricain est un électron libre et Deby n’a aucune emprise sur les nouvelles autorités centrafricaines. Avec le désordre en Centrafrique et le retrait progressif des soldats français, la RCA pourrait facilement favoriser une rébellion et représenter une menace sérieuse contre le régime. Et Deby le sait bien : un probable « septembre noir » aura un effet de cataclysme sur les dignitaires de cette région qui supportent à bout de bras le régime et la marche vers N’Djamena ne sera qu’une question d’heures. C’est pourquoi, après avoir annoncé la création d’un Etat au Nord-est de la RCA, Nourrain Adam, l’ex homme fort de la Seleka et bras droit de Deby, a été convoqué et sévèrement réprimandé par Deby.

Pour attirer l’attention et la sympathie de la Communauté internationale, il a été envisagé de faire croire que des éléments armées d’armes blanches a l’image des anti balada, se faisant passer pour des éléments pro-opposition, appellent a une guerre civile musulman-chrétien. Inquiet, les leaders de l’opposition se sont déplacés précipitamment à Moundou pour démentir leur implication dans un tel projet.

D’autre part, l’opinion nationale est plus que convaincue que la dictature qui les opprime est soutenu et maintenu par la France. Ce soutient freine par ailleurs toute avancée démocratique et de développement dans le pays. Désormais, il est clair pour la jeunesse désespérée du Tchad, que pour chasser Deby, il faut s’attaquer aux intérêts français. Surtout lorsque les militaires Français attaches a la présidence ne dissuadent ni ne dénoncent la disparition des militaires ayant voté contre Idriss Deby, se rendant ainsi complice, comme le 03 février 2008, ou des dizaines de tchadiens ont disparu sous leurs yeux.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Analyste indépendant, activiste politique

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