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Introduction à la compréhension de l’existence

Un Samouraï se présenta devant le Maître Zen Hakuin et lui demanda :
-« Vieil homme ! Dis-moi à quoi ressemblent l’enfer et le paradis ! »- « Qui es-tu ? » Demanda le Maître.- « Je suis le Samouraï … »- « Toi, un guerrier ?! » s’exclama Hakuin.- « Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service ? Tu as l’air d’un mendiant. »

La colère s’empara du samouraï. Furieux, il saisit son sabre et dégaina, Hakuin poursuivit :

– « Ah bon, tu as même un sabre ?! »

Prêt à frapper le Maître. A ce moment celui-ci dit :

– « Ici s’ouvrent les portes de l’enfer. »

Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina son sabre et s’inclina devant lui.

– « Ici s’ouvrent les portes du paradis » lui dit alors le Maître.

On en vient souvent à s’intéresser au chemin spirituel à la suite d’une déception vécue vis-à-vis de l’enseignement proposé par la religion exotérique (exo = extérieur). Elle survient comme un signe annonçant que le chercheur est prêt pour une autre étape de son cheminement. Cette ré-action survient au début, quand il y a une sorte de répulsion vis-à-vis de la compréhension littérale des textes et d’une perception moraliste limitant l’expansion de l’être vers d’autres plans de perception. A ce stade de rejet, qui correspond en fait à une phase de croissance de l’être il y a deux options. Soit l’on devient matérialiste, car ayant rejeté sans comprendre vraiment pourquoi on fuit vers un autre extrême avec la croyance d’être libéré des questions fondamentales. Ce qui évidement ne fonctionne pas, car les questionnements tiraillent toujours et un peu plus davantage avec le temps. Le matérialiste est un être en croissance qui n’a pas trouvé de nourriture nécessaire à son évolution. Et ainsi, par dépit il s’est recroquevillé dans une voie qui au fond ne lui apporte pas l’essentiel. En deuxième option, ce rejet peut trouver un écho auprès d’un enseignement spirituel authentique, l’être commence à s’en nourrir et grandir jour après jour sur le chemin intérieur.

 

Une fois en chemin, peu à peu, il essaye de comprendre son rejet et ce rejet se transforme en tolérance, puis en compassion. Il perçoit alors la diversité des êtres et le fait qu’à chaque stade d’évolution convient une nourriture appropriée. Il respecte ainsi l’enseignement des religions exotériques et la place qui leur est dû. Son cœur est aspiré ailleurs, il passe le seuil qui sépare le monde du dehors de celui du dedans et découvre le nouveau monde.

 

 

Souvent, lorsque l’on sort de l’étape religieuse il nous vient ce questionnement face aux divers récits sur les peines, châtiments et récompensent de l’enfer, du purgatoire et du paradis. Il y a le pressentiment d’une vérité dans ces notions, c’est bien pour cela qu’elles perdurent encore, mais la compréhension de leur réelle réalité reste encore imparfaite. On en rejette encore l’écorce dans laquelle le littéralisme religieux l’impose parfois. Comprenons qu’au niveau exotérique le dogme est une nécessité, tout comme pour un enfant fragile les recommandations des parents sont vitales pour sa survie. Donc, développons de la tolérance vis-à-vis de ceux qui en restent au dogme, ils ont leur rôle, mais soyons discernant quand ce rôle dépasse de temps à autres celui qui lui est attribué. Dans ce texte, nous allons voir comment il nous est permis d’harmoniser les différents angles de perceptions et aller au cœur de l’essence-ciel.

Une chose qui parait importante à comprendre avant tout développement est le fait que l’on ne peut accéder à la vérité tant que l’on regarde à l’extérieur de soi. Je souhaiterai pour illustrer ce propos citer le logion 3 de l’évangile gnostique de Thomas :

 

« Si ceux qui vous entraînent vous disent :

– « Voici, le Royaume est dans le ciel ! »

– alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent :

« Il est dans la mer ! »

– alors, les poissons y seront avant vous.

Mais le Royaume est au-dedans de vous et il est au-dehors de vous ! »

Ce logion rejoint directement cette phrase de l’évangile de Luc (17-21) :

« On ne dira pas : voici il est ici ou voilà il est là, car le royaume de Dieu est au-dedans de vous. »

Le poète musulman Yunus Emre énonce la même vérité :

« Quand tu cherches Dieu, cherche-le dans ton coeur. Il n’est pas à Jérusalem,ni à la Mecque , ni dans le hajj (pèlerinage). »

 

Une vue littérale de ces écrits devient difficile si l’on ne peut avoir accès à l’expérience intérieure. Tant que les portes du royaume du dedans restent closent l’incompréhension subsiste. Et soit l’on passe par-dessus la phrase en l’occultant, soit on l’interprète par le bas. C’est-à-dire que l’on ne perçoit qu’un espace limité de la vérité, en ne restant qu’à son reflet. Apercevoir le reflet du soleil sur l’océan n’est pas tourner son visage vers lui, le reflet du soleil intérieur ne peut réchauffer le cœur en sommeil …

 

Il arrive tristement que par désespoir l’on rejette l’existence même du soleil intérieur et qu’ainsi on enferme la vérité dans un reflet déformé par les vagues de la peur. Pourtant, le soleil quand à lui rayonne toujours, peu importe s’il se reflète ou pas, il Est.

 

La compréhension des reflets du soleil est une étape, et comme toute étape lui succède d’autres étapes. Paul de Tarse disait : « La lettre tue et l’esprit vivifie » (2 Corinthiens 3 – 6) il énonce ici le principe même de la compréhension intérieure. Le reflet seul ne peut réchauffer, sans la conscience de l’analogie qui existe entre le mot d’un texte et le vécu intérieur, rien de libérateur ne peut croître en nous. La lettre est un outil, elle est le doigt qui pointe la lune, mais elle ne sera jamais la lune. Un texte spirituel se lit, puis se vit de l’intérieur, ainsi l’on dépasse le reflet et accédons à l’essence, cette eau de l’esprit qui transfigure l’être entier.

 

Nous venons de poser les bases pour la compréhension qui va suivre par delà le fil du texte. Nous avons vu qu’il existe plusieurs degrés de compréhension pour un enseignement, chaques degrés étant adaptés à un âge intérieur. Et chaques degrés ayant sa juste place, les degrés plus intérieurs transcendent et incluent les degrés extérieurs. Afin de converger de la périphérie du cercle vers son centre, c’est là aussi le symbole de la roue bouddhique. Les degrés périphériques tournent d’un extrême à l’autre sur la roue, mais plus on se rapproche du centre moins les tours de roue ont d’amplitude. Au centre de la roue, le moyeu ne tourne pas, il est l’Axis Mundis (l’axe du monde) le centre absolu de l’être. Dans le christianisme par exemple l’Axis Mundis est symbolisé par la croix du Christ, il est le centre du monde car il est libéré de l’ego après son chemin de croix qui est le chemin du chercheur se purifiant de la souffrance. La Vérité ineffable a prit des noms différents par delà les époques et les cultures, mais elle demeure de toute éternité au delà de toutes dénominations. Voila pourquoi pour ne pas la rabaisser à nos concepts limités les initiés évitent de la nommer, et pour des raisons purement pédagogique la nomme provisoirement le « sans noms » « l’ineffable » « l’absolu » « le grand mystère » « celui dont on ne peut prononcer le nom ». Voici pourquoi dans toutes les traditions il est un péché de prononcer le nom de Dieu en vain. Si l’on dépasse l’interdit littéraliste, le dogme du départ, (le mot « pécher » signifie à l’origine en grec « manquer sa cible » ) on comprend avec l’œil intérieur que notre mental ne peut comprendre que ce qu’il fabrique. Car son mode de fonctionnement dualiste (binaire, 0 ou 1, vrai ou faux) ne peut que limiter ce qui est illimité et le transformer en idole stérile. La Vérité absolue ne peut être qu’un paradoxe pour l’intellect, voila aussi pourquoi les scientifiques la nient, uniquement parce qu’ils ne peuvent pas la comprendre avec leurs outils. Les méthodes de détection scientifique sont des extensions de nos sens humains, en plus complexe, ils ne peuvent que mesurer une réalité sensible, mais le monde spirituel réside en une réalité que l’on nomme supra-sensible, c’est à dire qu’elle demande de développer d’autres sens que les 5 de bases pour être capté, ce 6ème sens étant l’intuition profonde, l’ouverture du 3ème oeil, celui qui voit ce que les yeux de chair ne peuvent voir. Cette vérité est une réalité puisqu’elle se vit et se vivant elle transforme les êtres, preuve parfaite de sa réalité insaisissable.

« Le langage muet de cœur à cœur vaut tous les langages.Toute conversation doit finir dans le silence seulement. »Ramana Maharshi.

Il nous arrive de réfléchir sur la Vérité, tout comme le miroir réfléchit une source lumineuse. Mais, là encore, la lumière réfléchie ne sera jamais la lumière source originelle. Ainsi notre esprit réfléchit les rayons du soleil du cœur, il les traduit en mots afin de les transmettre à celles et ceux qui ont encore besoin des mots. Mais le reflet n’étant pas la source, aucuns mots, aussi beaux et profonds soient-ils ne traduiront fidèlement ce qu’EST la Vérité absolue. Ayant conscience de cela il nous est possible de verbaliser librement, transmettre dans la présence à la réalité vibrante en nous. Nous ne serons plus le jouet des mots, mais les mots seront ainsi habités par le silence intérieur sans forme. Seul l’espace libre inconditionné peut permettre l’émergence de formes conditionnées. Si par contre, nous en restons aux formes conditionnées alors nous sommes attaché à ce qui finira tôt ou tard et la souffrance nous étreindras par la perte de la forme. Voila pourquoi les humains semblent si souffrir de l’attachement à la forme, que ce soit leur religion ou un être cher. Car ils ne voient que le reflet de l’être et non l’essence qui donne vit à cela. S’attacher à un être (ou une religion) pour son apparence seule c’est ne pas aimer ce qui vibre en son cœur, c’est donc ne pas l’aimer réellement. On ne peut aimer que si l’être tout entier est connecté à la source de toutes choses, faisant disparaître toutes croyances de séparation. Si nous pouvons aussi aimer une forme pour sa beauté, cette beauté deviendra éternelle si le fond du cœur de l’autre s’harmonise avec le fond de notre cœur et forment à l’unisson une même voix.

 

Nous avons vu plus haut cette petite histoire mettant en scène le maître Hakuin et le samouraï. Ce guerrier valeureux arrive chez le moine avec une perception extérieure, profane, (en latin « profanum » qui signifie « en dehors du temple » le temple étant le corps, le saint des saints en est le cœur) du paradis et de l’enfer, n’ayant pas franchie le seuil de son être il ne peut qu’accéder au reflet du soleil sur l’océan. Par l’expérience directe maître Hakuin lui démontre que le paradis et l’enfer ne sont pas des lieux, mais des états de conscience qui vivent en lui. L’enfer correspond au monde de la confusion, des passions, des instincts, de l’animalité et tout ce qui maintient l’être dans la souffrance. Le paradis constitue tout ce qui apaise le cœur de l’être, le libère de la souffrance et le mène vers l’illumination. Ainsi, les récits sur les différents enfers, les tortures et le reste sont en réalité le reflet littéral des différents états de souffrance intérieurs. Dans la tradition ésotérique de l’Islam Al-Qâshânî énonce avec d’autres mots la même vérité : « L’enfer est la privation et l’éloignement (de Dieu) » . Comme nous l’avons vu plus haut Dieu pour l’initié n’est pas un personnage extérieur à lui, mais une conscience qui habite en son cœur. L’enfer serait d’être privé de la conscience, de vivre mécaniquement, balloté par les pulsions, les émotions et pensées négatives. Etre éloigné de Dieu c’est vivre inconsciemment, dans les mirages de l’ego.

 

Le soufisme distingue des stations (niveaux de conscience) différentes, allant de la périphérie au centre. Chaque station pouvant être positionnées sur le symbole de la roue bouddhique, allant du relatif à l’absolu. Ainsi pour celle ou celui dont le cœur est libéré de l’ego, les portes du paradis s’ouvrent ici bas, sur l’instant présent. Car ne se nourrissant plus du relatif, de l’impermanent et du mortel il vit dans un présent éternel, ici et maintenant, en amour avec toutes choses.

 

Nous comprenons ainsi l’universalité de la libération intérieure par delà les formes temporelles qu’elle revêt. Les oppositions entre religions n’existent que pour un regard extérieur, profane, qui s’attache à la forme au détriment du fond, au reflet plutôt qu’à sa source. Un peu comme pour une randonnée, plusieurs marcheurs partent d’un versant (ou verset) différent et ne voit tous d’abord que leur propre versant (verset). A ce stade ils croient être les seuls à ascensionner et croient que leur chemin est le seul est unique. S’il reste au bas de la montagne ils ne pourront comprendre et voir que d’autres aussi ascensionnent comme eux, mais par d’autres versants (versets). A la moitié de la montagne ils commenceront à apercevoir d’autres chemins, d’autres marcheurs, et ils commenceront à se poser des questions sur leur propre chemin. Une fois qu’ils arriveront au sommet de la montagne, ils pourront enfin observer par eux-mêmes que d’autres les y attendent afin de célébrer l’absolu lumière du cœur qui luie en chacune et chacun …         Les religions comme les concepts ont dans ce monde relatif une naissance, un apogée et une fin. Et à chaque fin de cycle un nouvel initiateur apparaît pour donner un nouveau souffle à l’humanité. Il doit exotériquement contre-indiquer la religion qui est dans sa fin pour des raisons temporelles. Car le peuple à un certains niveaux ne peut comprendre la subtilité des cycles et l’unité-divergente entre fond et forme. Ainsi il en va de toutes religions, elles sont toutes bonnes dans le fond, mais la forme subie avec le temps des déformations qui lui font perdre l’esprit de ses débuts. L’incompréhension entre les lois, les règles à pratiquer etc. ne sont pas conciliables si l’on en reste là. En effet, les lois du temps de Moïse ne semblaient déjà plus convenir du temps des débuts du christianisme et les règles coraniques ont du mal à intégrer certains aspects des autres traditions du monde. Ceci est dû au fait que les lois, les règles extérieures sont fixées pour des raisons pédagogiques et adaptées à un peuple précis, à une époque précise. Les fondateurs des religions savaient cela, mais étaient obligé d’agir dans l’urgence pour réformer le peuple et lui donner une conduite à suivre. Il subsistait des initiés dans chaque tradition pour conserver l’esprit de la lettre, bien que malheureusement ces derniers furent pourchassés bien souvent par le pouvoir en place qui ne supportait de concurrence.

 

On retrouve souvent dans les religions monothéistes un rejet parfois viscéral de l’idolâtrie. Ceci ce place là encore d’un point de vu historique et temporel et non du point de vu de l’ultime. Si à l’époque de Moïse l’idolâtrie fut rejeté c’est tout simplement parce que les cultes des anciens égyptiens étaient décadents, que les pratiquants avaient perdu l’esprit qui se cache derrière le symbole des statues et des dieux. Mais les initiés égyptiens savaient très bien que prisent sans l’esprit ce ne sont que des figures de pierre stériles. Pour un initié égyptien chaque statue est un archétype, un aspect de la source UNE et universelle. Seuls les pratiquants des niveaux exotériques de la religion égyptienne croyaient que les statues représentaient des dieux réels. On retrouve la même chose dans l’hindouisme qui est très proche de la religion égyptienne, car ce sont les deux plus anciennes religions depuis la perte de l’unité religieuse primordiale de l’humanité. Mais comme tout est cyclique, une religion apparaît, elle atteint son âge d’or et chute. Du temps de Moïse il était nécessaire que le peuple ne s’attache plus à des symboles dont on avait perdu l’esprit. Donc, l’interdit de pratiquer l’ancienne tradition (qui pourtant dans son essence était divine) fut prodigué afin de donner un souffle nouveau à l’humanité. Même chose pour l’Islam qui a appuyé considérablement ce rejet de l’idolâtrie, mais là encore pour des raisons historiques et temporelles. La religion antique du temps de Mahomet était elle aussi d’origine divine, mais elle était décadente à l’époque, car elle amorçait son cycle de fin. Il fallait, là encore, amener un souffle nouveau à l’humanité et proscrire la pratique de culte décadent, même si à l’origine ils furent spirituels. Il est inscrit dans les cinq piliers de l’Islam, au sein du « Tawhid de la confirmation » au sujet des polythéistes : « Et si tu leur demandes qui a crée les Cieux et la Terre , ils diront : « Allah » » Ceci est normal si l’on comprend le fondement réel du polythéisme, qui n’est en réalité qu’un accent mis sur la diversité des aspects de l’Un. Alors que les monothéismes ont mis l’accent plus exclusivement sur l’unité, qui a dérivé tristement à l’absolutisme du Dieu unique sur les autres facettes.

 

Le problème vient de l’auto-exclusion réciproque provenant du manque de connaissance intérieure. L’absolu est UN, mais il est multiple dans ses manifestations, en ce sens polythéistes et monothéistes vivent les mêmes choses dans le fond. Aussi bien la notion d’unité que de multiplicité peut être récupéré par l’ego, le principe de l’ego est l’exclusivité et l’exclusion. Ainsi l’Islam mal compris amène à la croyance que seul l’enseignement coranique mène à la réalisation intérieure. Ceci est une compréhension profane (en dehors du temple intérieur), les soufis réalisés savent très bien qu’il n’en est rien et que dans l’absolu tous les chemins authentiques sont UNS. Dans le « Tawhid du culte et de l’adoration exclusive » : « Il leur a été ordonné de n’adorer qu’Allah en lui vouant un culte exclusif. (Sourate 98/verset 5)» on retrouve donc ici l’accent mit sur l’unité de l’absolu, en occultant pour des raisons historiques (dégradation du culte polythéiste) la diversité des facettes de l’absolu qui étaient représentés par les statues des dieux.

 

Il suffit d’étudier en profondeur les religions antiques pour prendre conscience de l’unité transcendante des religions. Et ainsi dire que les bouddhistes sont des idolâtres car il y a des statues de Bouddha ce n’est pas comprendre que ces statues ne sont que des symboles. Notons au passage que fondamentalement il n’y a pas de grande différence entre l’idolâtrie et la bibliolâtrie, diviniser une statue de pierre ou un livre de papier revient à la même attitude profane. Sans l’esprit, la conscience de l’intériorité des symboles, les statues comme les livres ne permettent pas de connaître Dieu ou l’absolu au-dedans de soi. Aujourd’hui les religions monothéistes entrent progressivement dans la même fin de cycle traversé par les religions dites païennes. Elles ont pour la plupart perdu l’esprit au profit de la lettre et se referment sur des dogmes éculés, qui n’étaient valables qu’uniquement à leur époque, adapté au temps, aux lieux et au niveau de compréhension des peuples contactés.

Voila pourquoi dès qu’une forme religieuse entre dans son cycle de fin, une nouvelle apparaît. Mais fondamentalement pour un initié ce qui était dit de manière ésotérique il y a 12 000 ans est identique à ce qui est dit aujourd’hui. Seul la forme s’adapte aux temps et aux lieux et en fonction du niveau de compréhension des peuples. Aujourd’hui les peuples en général sont plus cultivés qu’il y a 2000 ans. Ainsi, il est possible de dévoiler d’autres aspects de l’intériorité et faire tomber les voiles de l’exotérisme pour mettre un terme à la désunion des peuples dans le monde. Ce qu’il faut comprendre c’est que d’un point de vu ésotérique la loi exotérique n’a pas d’influence. Celui qui se situe sur le centre de la roue, ne tourne plus et n’a plus à se soucier des recommandations données aux personnes situées sur la périphérie pour éviter qu’elles ne chutent de la roue. De la sorte, un initié n’est ni soumis à l’enfer parce qu’il ne respect pas la Torah ou la Charia ‘h et n’est ni récompensé parce qu’il respects ces codes de lois. Il peut être traité d’hérétique aux yeux des docteurs de la loi, mais il est un saint vis-à-vis de l’absolu. Ces lois existant uniquement comme point d’appui pour les êtres situés sur la roue, afin de les maintenir en équilibre. Et c’est aussi pour cela que l’initié provoque incompréhension et fascination, haine comme amour. Notre mental ne pouvant le comprendre, mais lui nous comprend, nous aime et nous attend au sommet de la montagne de lumière.

L’enfer est le manque de cœur, le paradis est le plein de cœur …

La conscience est en nous et nous sommes en elle

« Le tout est esprit ; l’univers est conscience. »

« Celui qui comprend la vérité de la nature de la conscience de l’univers est déjà bien avancé sur le chemin de la maîtrise. »Le Kybalion.

Cet axiome de la sagesse égyptienne d’Hermès Thot Trismégiste nous amène à réfléchir sur la nature de l’univers et sur ce que nous sommes réellement. Ceci va nous permettre d’ancrer directement la compréhension finale du paradis et de l’enfer.

Comme nous l’avons vu plus haut, l’enfer et le paradis sont des états de conscience, l’un est un état de confusion, l’autre un état de quiétude. Il existe en nous une conscience qui perçoit le monde, une conscience qui est en arrière plan de nous-même. Un œil immense qui observe silencieusement le déroulement de notre naissance et de notre mort. Peu importe les événements relatifs qui se déroulent devant elle, cette conscience observe avec calme ce qui est. Tout le travail de la méditation est réalisé dans le but de vivre pleinement cette conscience, les anciens l’appelaient aussi le saint esprit. Quand nous méditons il apparaît des pensées, des images, des sons et si nous nous identifions à eux nous sommes alors prit dans le tournoiement de la roue. Si nous restons calme, centré, et observant ces pensées, ces images et ces sons, nous verrons alors qu’ils naissent, se déploient et s’évanouissent. Nous avons ainsi prit du recul par rapport à cela et créer en nous l’observateur conscient, l’axe autour duquel peut tourner les pensées, mais sans en être affecté.

 

Il existe une instance psycho-spirituelle que l’on nomme « Ego » ou « Moi inférieur » qui utilise le mental (l’intellect) pour nous voiler la lumière provenant de la conscience pure qui vit en nous. L’ego est considéré comme une illusion, car il est uniquement constitué d’éléments relatifs, transitoires et impermanents, il est un nœud d’illusions. Par illusion entendons nous bien, pour le chemin spirituel l’illusion réside en ce qui n’est pas éternel. Est illusion tout ce qui apparaît et disparaît, la seule chose réelle étant cette conscience d’arrière-plan qui observe l’apparition et la disparition des événements, pensées, croyances, religions et autres. Bien entendu d’un point de vu relatif la chaise sur laquelle vous êtes assis est structurellement réelle, mais si on la décompose atomes par atomes elle n’est plus une chaise, il ne reste ainsi que l’espace qui permet potentiellement sa condensation.

 

L’illusion est ce qui passe, la réalité est ce qui observe ce qui passe.

 

« Nous cherchons toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être ; et par là donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent toutes les énergies. »

Jiddhu Krishnamurti.

 

Maintenant, nous pouvons faire le lien avec nos concepts de paradis et d’enfer, qui sont bien entendu des idées, des images, des illusions. Ces images, ces idées, ces illusions ont prit des noms, des descriptions différentes d’une culture à l’autre, mais dans le fond elles représentent une même perception intérieure. Le fait qu’il existe en nous des zones de souffrance qui voile la légèreté de l’être, du Soi authentique. Tant que l’on croit que l’enfer et le paradis existent réellement alors nous vivons dans l’un ou l’autre ici bas ou après avoir quitté ce corps. C’est-à-dire que tant que nous nous identifions à nos images de l’enfer et du paradis alimenté par nos conditionnements alors ils sont réels pour nous, c’est notre esprit qui crée notre qualité de rapport avec la réalité. Et ces enfers et ces paradis diffèrent en fonction de l’imaginaire des uns ou des autres, même au sein d’une même communauté. Voila pourquoi un proverbe Zen dit : « Mille hommes, mille vérités » et nous pourrions préciser, mille vérités relatives, soumises aux fluctuations du mental conditionné.

 

Dans l’enseignement du bouddhisme tibétain il existe un livre qui s’intitule le « Bardo Thödol » qui est le livre tibétain de la vie et de la mort. Il est à mon sens ce qui a été réalisé de plus précis concernant les états de conscience proche du seuil de la mort et les différents états dans lesquels se trouvent l’être qui sort de son corps. Il est enseigné dans le Vajrayana (bouddhisme tibétain) une pratique méditative nommée « Powa » qui peut se traduire par « Transfert de conscience au moment de la mort ». C’est une technique méditative qui consiste à éclaircir l’esprit et préparer aux processus subit lors du moment de la mort. Il y est écrit que les enfers, les images violentes et terrifiantes sont auto-générées par l’état de conscience du défunt. Il lui est indiquait de se faire aider par la visualisation des divinités bouddhiques élevées afin d’être absorbé par la pureté des formes que la conscience pure peut revêtir. Car les processus lors de la mort sont difficiles à vivre consciemment pour un être qui ne s’y ait pas préparé durant son existence. Voici un extrait d’un des passages du livre, le Chikhaï Bardo traduit ici par Alexandra David-Néel :

 

 

« As-tu reçu l’enseignement du sage gourou initié au mystère du bardo ? Si tu l’as reçu, rappelle-le à ta mémoire et ne t’en laisse pas distraire par d’autres pensées. Conserve fermement ton esprit lucide. Si tu souffres, ne t’absorbe pas dans la sensation de la souffrance. Si tu éprouves un reposant engourdissement d’esprit, si tu te sens t’enfoncer dans une calme obscurité, un apaisant oubli, ne t’y abandonne pas. Demeure alerte. Les consciences qui ont été connues comme étant (nom du mourant) tendent à se disperser. Retiens-les unies par la force de l’Yid kyi namparshéspa. Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo. Fais appel à ton énergie pour les voir en franchir le seuil en ta pleine connaissance. La clarté fulgurante de la Lumière sans couleur et vide va plus rapide que l’éclair, t’apparaître et t’envelopper. Que l’effroi ne te fasse point reculer et perdre conscience. Plonge-toi dans cette lumière. Rejetant toute croyance en un ego, tout attachement à ton illusoire personnalité, dissous son Non-être dans l’Etre et sois libéré. Peu nombreux sont ceux qui, n’ayant pas été capables d’atteindre la Libération au cours de leur vie, l’atteignent à ce moment si fugitif qu’il peut être dit sans durée. Les autres, sous l’effet de l’effroi ressenti comme un choc mortel, perdent connaissance. »

 

Nous voyons que tout est une question d’identification avec un concept, mais celle ou celui qui vit de la conscience libre, qui observe ces concepts n’en est pas affectée. Le moment de la mort comme celui de la vie est en rapport avec la clarté de notre esprit, voila pourquoi il est tant mis l’accent sur le vide de l’esprit. Faire le vide est qu’une image, car le vide n’existe pas, quand il est de faire le vide il est indiquait de purifier l’esprit de toutes pensées parasites, le laver pour qu’il soit claire et lumineux et perçoit le réel tel qu’il est et non déformé par les filtres de la peur.

 

Ici il est question de la culture bouddhique mais ceci peut être transposé vers notre culture. C’est toujours l’idée du fond et de la forme, la Vérité est UNE, même si elle prend des apparences multiples. Ce qui est valable pour un tibétain est dans le fond aussi valable pour nous autres occidentaux. Peu importe que nous ayons une religion ou pas, si nous accédons au centre de la roue, nous sommes libre. « La fin justifie les moyens » dit l’expression commune, cette phrase est à l’origine hautement spirituelle, (elle a été galvaudée à des fins égoïstes d’avidités et de profits). Elle indique que seul le but ultime a de la valeur et que l’on ne peut comprendre un être qu’à la couleur de son chemin mais à la clarté de son esprit. Peu importe les moyens utilisés, peu importe la forme des outils c’est l’œuvre qu’ils permettent de réaliser qui dévoilent le travail accompli. La seule utilité d’une tradition est qu’elle peut permettre de minimiser les risques de se perdre en chemin, par le fait qu’elle ait été expérimentée par d’autres et fait ses preuves. Mais là encore on ne peut rien imposer en matière de spiritualité, il appartient à chacun de ressentir vers quoi son cœur est appelé. A nous d’utiliser la forme, l’enseignement comme un moyen et non une fin, ce qui éviterait les trop nombreuses querelles de clochers que l’on voit même dans des milieux qui se prétendent initiatiques. Chacun peut conserver sa religion ou sa non religion, tout en comprenant que tout ce qui existe a sa raison d’être. Ces formes sont des outils qui tendent vers un même but, la libération intérieure. Vivant cela aucunes distances ne peuvent diviser les êtres. L’amour et la joie n’ont pas de forme, ils se vivent au-delà des mots, tout comme le silence ou l’eau ne sont ni d’orient ni d’occident. Et pourtant tous deux demeurent indispensables à l’être humain quelque que soit la forme qu’il incarne temporairement sur cette terre.

« Si tu vois le Bouddha, donne lui 30 coups de bâton,Si tu vois un Démon, donne lui 30 coups de bâton. »

Kôan Zen.

Ce kôan (le kôan est une phrase paradoxale que les maîtres Zen donnent à leurs disciples pour les faire sortir de la dualité du mental) vient à propos pour illustrer le fait que nous créons notre propre cage avec nos propres illusions. Voir le Bouddha ou un Démon revient au même dans l’absolu, car ce sont des illusions crées par notre mental. On peut faire ici même comparaison avec les descriptions de Dieu dans les religions monothéistes. Un Dieu sévère sur son trône, jugeant les hommes ou bien les flammes de l’enfer et le démon qui punie les fautes. Dans le même état d’esprit chacun verra le Dieu ou le Démon en rapport avec son état de conscience et son contenu culturel. Si votre esprit est calme, il percera l’illusion de ces images quand elles apparaîtront soit en rêve soit au moment de la mort. Il pourra alors donner les 30 coups de bâton symbolique pour dissiper l’illusion, comme un nuage de fumée. N’oublions pas que les choses nous apparaissent réelles uniquement parce que nous les croyons réelles.

 

Par ailleurs, il semble logique qu’aucunes flammes physiques d’aucuns enfers ne puissent atteindre un être qui n’a plus de corps physique. Ce qui est physique dense peut être en effet affecté par une flamme liée à notre densité terrestre, les semblables interagissent entre eux. Mais sur un plan plus subtil ce qui relève d’une densité basse (en terme de fréquence vibratoire de la matière, la physique quantique énonce que la matière dense est de l’énergie condensée, cristallisée et durcie) n’a pas d’interaction sur ce qui est de nature plus élevé (qui vibre à un taux vibratoire plus rapide en terme de fréquence). Par exemple, une onde sonore n’est pas affectée par les nuages ou un avion qui la traverse en plein ciel (sauf si cet avion possède des instruments de réceptions orientés sur la fréquence de l’onde). Il en va de même pour les corps subtils de l’être, selon la science ésotérique l’humain possède 7 corps allant du plus grossier (le corps physique) au plus subtil. Ces 7 corps s’étalent vibratoirement sur le spectre infra-rouge/ultra-violet. Nous savons en physique que chaque couleurs possèdent ses propres longueurs d’ondes et fréquence, il en va de même pour nos multiples corps. Après la mort l’être est dépouillé de son corps physique, mais aussi de son corps éthérique (qui lui permettait la mise en mouvement des 5 sens physiques), puis de son corps émotionnel et de son corps intellectuel ou mental, il reste ainsi son corps spirituel. Rien ne peut brûler une âme à la manière où l’on brûlerait un corps physique. Par contre, plus on monte dans les plans subtils et davantage la flamme qui était physique pour le corps physique devient énergie/conscience/symbole pour les corps subtils. Le défunt s’il est dans la distorsion mentale sera sa propre victime des flammes de la confusion, par son état vibratoire il créera lui-même une onde déformée provoquant une énergie interne de trouble et de contraction. Les descriptions des différents enfers et tortures du damné sont en réalités les symboles des diverses douleurs intérieures que nous nous causons à nous-même. Les divers enfers en fonction de chaques péchés représentent les diverses douleurs intérieures que causent par exemple l’avidité, la convoitise, le mensonge, la haine etc. Et nous pouvons comprendre exactement les mêmes choses avec la lumière du paradis et ses délices. Tout est analogique, comme disait Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, pour ne former qu’une seule chose. »

Ceci nous amène à comprendre la loi d’analogie, de symbolisme, tout ce qui existe sur le plan physique possède d’abord sa contrepartie sur le plan subtil/symbolique, le fameux monde des idées de Platon. C’est d’abord l’élaboration du symbole qui ensuite par densification va créer la réalité physique en rapport. C’est un principe évident pour celle ou celui qui le pratique au quotidien, nous créons le monde par nos pensées, par le principe de résonance nous attirons événements et être en fonction de la qualité vibratoire de notre être intérieur. A nous d’élever notre être vers les sommets de la conscience pure et de la sagesse, afin qu’ici bas et au-delà les choses nous vivent en harmonie.

Nous avons vu le terme de « Science ésotérique », à l’origine le mot « Science » provient du grec « Gnôsis » qui donne Gnose. La Gnose dans son sens large (à ne pas confondre avec le gnosticisme pré-chrétien qui est plus spécifique à un groupe culturel de l’époque) définie la science de l’âme, où est enseigné un processus structuré, cohérent et surationnel (transcendant et incluant la rationalité et l’intuition). Aujourd’hui la science telle que nous la connaissons est en grande partie focalisée sur le monde matériel et n’intègre pas ou peu l’être humain dans ses données. Elle ne perçoit ainsi qu’un aspect de la réalité, ce que d’ailleurs la physique quantique a appuyé en énonçant des théorèmes et théories qui remettent en question la perception mécaniste de la science matérialiste. La Science ésotérique indique que le chemin vers l’absolu n’est pas n’importe quoi, c’est un enseignement total et intelligible. En ce sens il n’accepte aucunes croyances, spéculations, théologies, rêveries, superstitions irrationnelles, qui n’ont pas de réalité et ne sont pas expérimentale directement par soi. Pour la science ésotérique n’est réelle que ce qui est expérimentable directement, ici et maintenant et qui libère l’être de la souffrance. Voila pourquoi elle ne porte aucune valeur aux récits fantasmagoriques sur le paradis et l’enfer tels qu’ils sont enseignés aux pratiquants des niveaux exotériques des religions. L’initié ne croit pas, il sait, il sait, car il vit les choses en lui et que ce qu’il vit transforme tout ce qu’il est.

« Dans la nuit, un homme s’éveille pour découvrir qu’un serpent se trouve dans sa chambre.La présence de ce reptile le fige sur place. Mais pour le mental, il en va tout autrement :frappé de panique, il s’agite, se démène, s’affole. Le serpent va-t-il s’approcher et bondir ?Ne vient-il pas de bouger ?… Plus le temps passe, plus le mental de cet homme s’échauffe.La nuit lui paraît interminable.Mais au petit matin, il découvre qu’il s’agissait…d’une corde. »

Histoire indienne.

Comme l’homme et la corde (qu’il se met lui-même au cou) Si vous pouvez observer le réel tel qu’il est, en pleine conscience, alors toutes les illusions se dissolvent soudainement. Le but dans tous cela est de ne plus être pensé par nos pensées, décider enfin ce que l’on veut penser. Ainsi, si vous êtes libre de l’illusion, vous êtes libre aussi d’en créer, puis de les faire disparaître. Vous me direz maintenant, mais comment discerner entre les bonnes images, celles qui apparaissent pour communiquer un sens profond et les autres. Et je répondrai que si votre esprit est calme il saura directement ce qui est juste. L’évangile de Mathieu (6-33) dit : «  Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît.  » Ceci énonce simplement qu’il nous rechercher la clarté de l’esprit, ce royaume intérieur de l’absolu, et ensuite nous saurons ce qui est juste et le reste viendra à nous naturellement.

« Tout bien qui t’atteint vient de Dieu, tout mal qui t’atteint viens de toi-même »Sourate 4 ; verset 79.

« Je suis conforme à l’opinion que Mon serviteur se fait de Moi »Hadith Qudsi

La compréhension ésotérique de cette sourate indique que le bien (c’est-à-dire les actes conscients) vient de Dieu (la conscience universelle), mais le mal (les actes inconscients et mécaniques) vient uniquement de l’identification avec l’ego, la fausse personnalité. Ce que propose ce Hadith démontre ce que nous énoncions plus haut, c’est à dire que l’absolu se révèle en fonction du niveau de conscience de l’être qui en fait l’expérience. En ce sen il existe de multiples compréhensions de Dieu qui s’opposent en apparence mais qui dans le fond sont toutes articulées sur un fond commun. Allant du Dieu personnel anthropomorphe et ethnocentré à un absolu impersonnel et universel.

« Quiconque commet un péché le commet contre lui-même. »Sourate 4 ; verset 111.

Le péché, c’est-à-dire l’inconscience, amène directement des conséquences fâcheuses. Ce péché est une souffrance uniquement pour celle ou celui qui s’identifie à la fausse personnalité. Mais celle ou celui qui essaye de vivre en pleine conscience, même s’il lui arrive de chuté parfois (car il n’est pas encore dans la station suprême) peut directement ce reprendre en observant sa chute et ainsi il n’est pas influencé par les conséquences négatifs de son inconscience.

Le Coran nous invite à la même perception intérieure, au fait sublime que c’est à nous de choisir entre l’enfer et le paradis en fonction de la clarté de notre esprit. L’enfer est sur terre tous d’abord, quand notre esprit est perdu dans la confusion et l’ignorance de sa nature lumineuse. Rabia al Adawiyya une sainte soufie disait : « J e veux jeter le feu dans le paradis et verser de l’eau dans l’enfer pour que ces deux voiles disparaissent et que l’on voit clairement qui adore Dieu par amour et non par crainte ou par espoir du paradis. » tout est dit …

Faire le vide de l’illusion relative c’est être plein du réel absolu.

J’apprécie tout particulièrement le symbole de l’eau, car elle peut revêtir la forme d’un verre, d’un vase, d’une rivière ou de l’océan, sans que cela affecte ce qu’elle est. Ainsi nous pouvons être comme l’eau, comme cette conscience universelle qui donne vit à la diversité des formes. S’il existe 7 couleurs de l’arc en ciel, elles ne subsistent que parce qu’elles forment une seule lumière blanche. Sans le soleil, point de couleurs, sans la conscience, point de vie.

Djal Od Dîn Rûmi écrivait :

« Recherche le royaume de l’Amour
Car ce royaume te fera échapper à l’ange de la mort.
Je suis l’atome, je suis le globe du Soleil,
A l’atome, je dis : demeure. Et au soleil : arrête-toi.
Je suis la lueur de l’aube, je suis l’haleine du soir,
Je suis le murmure du bocage, la masse ondoyante de la mer.
Je suis l’étincelle de la pierre, l’œil d’or du métal.
Je suis à la fois le nuage et la pluie, j’ai arrosé la prairie.
Purifie-toi des attributs du moi, afin de pouvoir contempler ta propre essence pure
Contemple dans ton propre cœur toutes les sciences des prophètes,
Sans livres, sans professeurs, sans maîtres. »

Si nous sommes ancrés dans cette conscience/eau de la vie nous ne pouvons nous fossiliser sur une forme. Cela ne nous empêche en rien d’apprécier la beauté de la diversité, de revêtir la forme d’un cours d’eau ou d’une jarre. Si l’on garde au creux de nous cette conscience du sans forme, alors il nous est offert de vivre pleinement la beauté des formes. La créativité infinie que génère la source de toutes choses est en nous et au dehors de nous, car nous sommes elle et elle est nous …

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Auteur·e

djarmaacheikh

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