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Deby, à la croisée des chemins

Dans quelle aventure se lance le Tchad? Le rapprochement entre d’une part l’Arabie saoudite, les Émirats arabes Unies et d’autre part le Qatar, la Turquie et  les frères musulman en Égypte depuis la mort du roi Abdallah est une bonne-mauvaise nouvelle. Son successeur Salmane ben Abdelaziz al-Saoud au trône en Arabie Saoudite, qui dans le contexte politique saoudien serait un traditionaliste, mais moins lié aux religieux ultraconservateurs (courant Salafiste wahhabite) mais plutôt au courant du salafisme des frères musulmans. On peut dire ainsi que les politico-religieux islamistes se sont de nouveau réconcilier sans doute au besoin de la cause pour faire face à la monté de l’Etat islamique, qui représente une menace sérieuse aux régimes islamistes et aux monarchies dans la région.

Si ce rapprochement peut en fin apporter un semblant de stabilité et renouer les liens entres les éternels frères-ennemis arabo-musulmans au Moyen Orient, cela causerait de sérieux problème dans d’autre continent. Malheureusement, force est de constater que la guerre entre les islamistes, ne profite pas seulement à l’occident (le pétrole) mais aussi à l’Afrique (elle affaiblie la force de frappe des djihadistes).

Car si les troupes internationales ont parvenu à chasser les djihadistes du nord Mali, c’est certainement à cause des différences majeurs dans la conception de l’islam politique au sein de leurs sponsor. L’Arabie saoudite et les émirats arabes unies reprochent depuis longtemps au Qatar son tropisme envers la version évoluée de Youssef al-Qardaoui le concept de la confrérie des frères musulmans du théologien fondateur Hassan Al-banna. Une version qui remet en cause le système monarchique selon des termes islamiques contrairement à la version wahhabite du théologien Mahamat ben Abdelwahhab, qui lui aussi évolua la version d’Ibni Tayymia. Une version que les pouvoirs monarchiques reprochaient au Qatar l’obsession à vouloir absolument les installer au pouvoir dans le monde arabe. Et pourtant l’idéologie des frères musulmans ainsi que du wahhabisme s’inspirent d’une même source, le courant salafisme. Une version améliorée de l’école hanbalite.

Si les islamistes notamment les soudanais ( intermédiaires islamistes en Afrique) n’ont encore pas réagit à l’activisme d’Idriss Deby dans le continent contre leurs «frères» notamment au Mali et aujourd’hui au Nigeria, c’est pour une bonne cause qui est en partie résolue.

De nombreux Etats voient d’un mauvais œil l’activisme du Tchad à commencer par le Qatar, qui n’a pas manquer à faire savoir à l’époque. Les menaces proférés de reprise d’une rébellion par Timan  Erdimi en 2013 alors qu’il était en exile à Doha, ne tardera pas à être concrétiser et le régime soudanais, allié du Qatar ne sera pas innocent non plus.

Depuis la mort du guide libyen, le Tchad de Deby s’est employé à occuper les zones d’influence laissées en friche dans l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) par des États aux capacités bien plus importantes (Angola et Cameroun). Il l’a fait en projetant une certaine puissance militaire en RCA et aussi au Mali dans le cadre de l’opération Serval et des Nations unies et aujourd’hui au Nigeria contre Boko Haram. Aucun autre État de l’espace CEEAC – hormis l’Angola – ne dispose d’une puissance de feu égale à celle de l’armée tchadienne ni de troupes aussi aguerries au combat. Mais cela suffit-il à faire du Tchad une puissance régionale dans un espace où, il est vrai, les rivaux n’abondent pas ? De quels atouts dispose le Tchad pour prétendre à un rôle structurant et intégrateur en Afrique centrale ?

Au Mali, Deby a balayer d’un revers de main ce que les régimes islamistes au Moyen orient ont mis des années pour voir émerger des régimes islamistes dans les sociétés majoritairement musulmane en Afrique.

Étant donné que le but principal de Deby dans tous ces interventions militaires au Mali, en RCA et au Nigeria sont pour préserver son pouvoir et s’imposer envers ses alliés occidentaux comme un pôle de stabilité sur lequel il est plus que jamais nécessaire de s’appuyer, dans une zone rendue in-sécuritaire. Une question existentielle s’impose: Comment Deby peut gérer une rébellion si elle recommence ses hostilités?

Pour les djihadistes, le combat contre Deby et ses troupes est un pactole, un visa qui leur garantira une place au prêt de dieu dans le Paradis après leur mort. Qui sera au secours des tchadiens si les djihadistes de la Libye, du Nigeria, du Darfour et du Mali décident de foncer vers le Tchad?
Les ambitions régionale de M. Deby doivent être mise en revue. Alors pas de quoi se comporter en Chavez du continent. Surtout que quand-on est un président à courte de liquidité, de sagesse et d’intelligence.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique

 

 

 

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