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Tchad: La société civile tchadienne durcit le ton face à la France

Sous l’égide du Comité de Suivi pour l’Appel à la Paix et à la Réconciliation (C.S.A.P.R) qui est un regroupement de 70 organisations de la Société Civile dont fait partie la C.T.D.D.H, Le chercheur Français Roland Marchal avait produit un rapport intitulé « Petites et Grandes controverses de la politique française et Européenne au Tchad ».

Cette étude, édifiante à plus d’un titre met en évidence l’existence en France des lobbies d’appui au Président Deby au Ministère de la Défense, des Affaires Etrangères (Quais d’Orsay) ainsi qu’à l’Elysée.

«Au lieu de continuer à faire les pieds de grue devant les salons des « conseillers d’Ambassade » et chercher à établir des relations avec des « Barbouzes » et autres agents occultes du système Français, nos acteurs politiques et de la société civile doivent comprendre que le moment est venu de drainer toutes leurs énergies vers leurs bases respectives pour une mobilisation générale en vue d’éventuelles actions citoyennes et légales»

Si pour l’essentiel, ce rapport ne nous apprend rien sur ce que nous ne connaissons déjà, à savoir que le Président Deby à toujours été et restera une fabrication de la France, il nous fait découvrir en revanche les méandres de cette Françafrique nouvelle version, avec en prime les noms des principaux responsables français, acteurs de ce soutien inconditionnel.

Cette option matérialisée par ce soutien nous conforte dans notre conviction que dans la mise en œuvre de sa politique africaine, la France avait toujours fait les mauvais choix et pendant les grandes crises africaines, la singularité et les approximations de certaines de ses décisions, couplées à quelques facteurs endogènes avaient entrainé des conséquences dramatiques dans le continent Africain (Burundi, Rwanda, RCA).

La France une fois de plus est en train de se tromper au Tchad où son soutien aveugle à Idriss Deby conduira à n’en pas douter ce pays vers une catastrophe certaine ; la mal gouvernance avec son corolaire d’injustices flagrantes, de misère programmée et surtout d’interdictions systématiques de manifester est en train d‘occasionner une accumulation de frustrations qui conduira fatalement à une explosion générale ; les dernières manifestations spontanées des élèves et étudiants ou celles relatives à la pénurie de carburant sont des signes avant coureurs des mouvements à venir et qui seront de grande envergure ; Ce scenario, plus que vraisemblable surviendra inévitablement si le gouvernement continue à imposer ce calvaire à ses citoyens.

Quoi qu’il en soit, Cette étude de Roland Marchal qui tombe à point nommé, permettra certainement de balayer les dernières illusions entretenues par certains acteurs de la vie politique et de la société civile tchadienne sur une France soucieuse des valeurs démocratiques et du respect des Droits de l’Homme en Afrique ; nous espérons ardemment qu’ils comprendrons enfin que ce n’est pas en arpentant les couloirs de l’Ambassade de France à Ndjamena ou en multipliant les entrées au Quais d’Orsay, à Matignon ou je ne sais quel autre centre de décision qu’ils infléchirons la position des dirigeants français dans leur soutien aveugle à Idriss Deby.

Les responsables des partis politiques de l’opposition et les leaders des organisations de la société civile Tchadienne doivent se ressaisir et se faire impérativement à l’idée que la solution à nos problèmes ne se trouve pas à Paris, moins encore dans des chancelleries occidentales.

Au lieu de continuer à faire les pieds de grue devant les salons des « conseillers d’Ambassade » et chercher à établir des relations avec des « Barbouzes » et autres agents occultes du système Français, nos acteurs politiques et de la société civile doivent comprendre que le moment est venu de drainer toutes leurs énergies vers leurs bases respectives pour une mobilisation générale en vue d’éventuelles actions citoyennes et légales parce que la solution au mal tchadien se trouve ici au Tchad et pas ailleurs.

Nos camarades de l’opposition politique et de la société civile doivent enfin prendre la mesure de l’importance de ce soutien inconditionnel à Deby et se dire surtout que ce ne sont pas les français mais ce sont les tchadiens qui subissent dans leur chaire les violations quotidiennes de leurs droits fondamentaux, qui vivent une misère programmée destinée à les asservir ; qui continuent à subir pendant plus de 20 ans une mal gouvernance sans pareille en Afrique ; qui voient leurs richesses nationales accaparées par un clan ;qui subissent les injustices les plus flagrantes matérialisées par une gestion ethnique de l’appareil sécuritaire ; qui sont frappés systématiquement par des interdictions de manifester même pacifiquement etc.
Au regard donc de ce qui vient d’être décrit plus haut, il y’a lieu de tirer la conclusion suivante : nous, leaders des Organisations de la société civile et ceux des partis de l’opposition démocratique devons revoir nos stratégies respectives pour amener le peuple à user des droits que lui confère la Constitution en vue d’aboutir à un changement ; c’est la réaction du peuple tchadien qui infléchira la position de la France sur son soutien à Deby ; ce ne sont donc pas les larmes versées devant les responsables du Quais d’Orsay qui le feront.

Mahamat Nour Ahmed Ibedou

Secrétaire Général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (C.T.D.D.H).
Mail : ibedoum@yahoo.fr ;ibedoum@gmail.com
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Telecharger le rapport de Ronald Marchal: Petites et grandes controverses de la politique française au Tchad

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Auteur·e

djarmaacheikh

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