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Quelle démocratie pour un Tchad pluriel ?

La libération des dictatures ne dépend que de la capacité des peuples à se libérer eux-mêmes. Après plus d’un demi siècle d’indépendance, le Tchad, ce beau pays au centre de l’Afrique est confronté à des obstacles majeurs qui freinent son décollage.
Paroi à des séries de conflits inter-ethniques et de guerre civile, les régimes qui se sont succédé ont tous été brutaux.
Celui d’Idriss Deby depuis 24 ans au pouvoir est le plus répressif, despotique de nature, allergique depuis son enfance aux principes fondamentaux et aux valeurs humaines.

Meurtri par l’oppression et la dictature, le peuple tchadien fier de sa culture et de sa dignité ne sait plus à quel saint se vouer.
Le clanisme plane désormais sur le tissu social. L’injustice, la misère, la criminalité, la terreur et surtout la médiocrité qui caractérisent ce régime ont considérablement affaibli les consciences et ne cessent de mater toute revendication de réforme politico-économique aussi légitime soit-elle.

Les observateurs avisés de la scène politique tchadienne savent très bien l’impasse dans laquelle est confronté le régime despotique d’Idriss Deby au pouvoir depuis 1990 grâce à la bénédiction exclusive de l’Élysée par le concours des forces française au sol.
S’il ne jurait que sur  »la tête de Khadafi et Sarko » autres fois contre ces  »mercenaires » aux opposants, pour se maintenir infiniment au pouvoir, bien que mal il/nous sommes confrontés à faire face à l’évidence de sa chute inévitable et imminente.

Les obscurantistes du Mouvement patriotique du salut, MPS, fervents défenseurs de la dépravation des mœurs et formidables adeptes de Crowly grâce à la propagande des médias nationaux et au détournement des fonds publics se font l’illusion d’être solidement ancrées et invincibles. Mais en réalité, leurs système est moins fort que ce qu’ils se forcent à nous faire croire.
Incapables de résister à une défiance sociale, politique et économique concertée par le peuple déçu par les acteurs politiques de l’opposition parlementaires qu’en exile, des cliques militaires et des officiels élus qui s’avèrent être des individus d’ambition démesuré, doctrinaires don chacun cherche inlassablement à imposer sa volonté, ont conduit aux multiples échecs spectaculaires de tout les tentatives à parvenir au bout de la dictature.

Au Tchad de Deby, les institutions sociales, politiques, économiques et même religieuses de la société – hors du contrôle de l’État – sont délibérément affaiblies, subordonnées et même remplacées par de nouvelles institutions inféodées aux parti au pouvoir afin de contrôler la société.
La population a été atomisée, c’est-à-dire transformée en une masse d’individus isolés, incapables de travailler ensemble pour développer des libertés, une confiance mutuelle ou même de faire quoi que ce soit de leur propre initiative.
Comment faire face à un régime qui crée sa propre société civile?.

Le résultat est prévisible : les Tchadiens sont incapables de faire la guerre et incapables de faire la paix. La population s’affaiblit, n’a plus confiance en elle-même et se trouve incapable de résister. Les gens ont trop peur de partager leur haine de la dictature et leur soif de liberté, même en famille et entre amis. Ils sont terrifiés à l’idée même de résistance publique. À quoi cela servirait-il ? Au lieu de cela ils vivent une souffrance sans but et envisagent l’avenir sans espoir.

Autrefois, les Tchadiens connus par le respect de la dignité de l’homme ont plusieurs fois tenté de résister. De courtes protestations, manifestations, des rébellions, etc. Des espoirs temporaires jaillissaient. Parfois des individus ou des petits groupes pouvaient avoir des gestes courageux bien qu’insuffisants, affirmant certains principes ou simplement leur défiance. Mais si nobles que soient les motifs, ces actes de résistance ont été insuffisants pour vaincre la crainte et l’habitude de la peur, ce qui serait un préalable nécessaire pour renverser toute dictature. Hélas, ces gestes contre la dictateur de Déby ont augmenté le niveau de souffrance plutôt que les possibilités de victoire ou même l’espérance.
Cependant, de plus en plus, les >Tchadiens aspirent à la démocratie, la justice et au partage équilibré des ressources.

Que faire dans de telles circonstances ?
Les solutions évidentes paraissent n’aboutir à rien. Les barrières légales et constitutionnelles et l’opinion publique sont complétement ignorées du régime de Ndjamena juste avant dernier la Corée du Nord en matière de démocratie et plusieurs fois champion de la corruption dans le monde.

Le problème de Déby est profond, il ne vas jamais se permettre d’organiser des élections qui pourraient sûrement le chasser du trône.
Ainsi face à cette démocratie de façade, le Tchadien lambda place sa confiance en des forces extérieures principalement l’opposition en exil ou l’international et croit que seule l’aide extérieure peut être assez puissante pour le renverser.

Et pour paraître légitimité, la dictature de Ndjamena organise des mascarades électorales des parodies  de démocratie.
Elles ne furent en réalité que des plébiscites rigoureusement contrôlés pour faire entériner par le public des choix de candidats et du suffrage électoral déjà tranchés par Déby.

La tragédie est que cette confiance accordée du peuple tchadien aux entités en exile après s’être rendu compte du « olala » de l’opposition parlementaire est jusqu’à la très mal placée.
Ce qu’il faut retenir est que la survie du système macabre et anticonstitutionnelle d’Idriss Déby dépend principalement des facteurs internes, même si ils peuvent être renforcés ou affaiblis par des actions extérieurs.

Charles S.Parnell professait je cite: « Il est inutile de compter sur le gouvernement… vous ne devez compter que sur votre propre détermination… Aidez-vous en vous soutenant les uns les autres… fortifiez ceux qui, parmi vous, sont faibles… unissez vous, organisez- vous… et vous gagnerez…
Une fois que vous aurez pris cette question en main, c’est à ce moment-là, et pas avant, qu’elle sera résolue. » fin de citation.

Certains acteurs politiques décident de s’installer dans une attitude de soumission passive. D’autres, ne voyant aucune possibilité d’aller vers la démocratie, concluent qu’ils doivent composer avec le régime apparemment indestructible, en espérant que, grâce à la « conciliation », au « compromis » et aux « négociations », il sera possible de sauver quelques éléments positifs et de mettre fin aux brutalités. C’est méconnaitre très mal Idriss Deby.
Une fois dans le système ces personnes perdent toute leur crédibilité et deviennent souvent plus royaliste que le roi. Le système ne produit que le système.

Nous devons comprendre que lorsque les enjeux sont fondamentaux, qu’ils affectent des principes et des libertés humaines, le développement et la destinée de toute la société, les ralliement ne peuvent pas trouver une solution acceptable moins encore avec Idriss Deby. Sur des questions fondamentales, il n’y a pas de compromis possible. Seul un changement radical des relations de pouvoir en faveur du peuple rongé par la corruption et l’injustice peut assurer la sauvegarde des enjeux fondamentaux. Un tel changement s’obtiendra que par la lutte. Comme ces valeureux combattants qui se sont battus et continue à se battre courageusement, au prix de souffrances et de pertes humaines élevées dont la réussite sera remarquable.

Nous sommes à la fin d’une lutte décisive, le potentat de Ndjamena est aux abois et cette fois-ci, il est nécessaire pour lui de chercher un couloir de sécurité pour traverser la rive Chari  avant qu’il ne soit trop tard.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique; Analyste indépendant

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djarmaacheikh

Commentaires

Brahim Abdraman Adoum
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c'est devenu tout à fait le contraire mon le rédacteur de ce roman.