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Par défaut d'une intervention en Libye, on se contente du Nigeria

De Paris à Londres, d’Alger à Riyad, de Brazzaville à Yaoundé, d’Abuja à Khartoum, si le rôle que joue le Tchad ou plutôt Deby en Afrique est soutenu et encouragé par certains, il n’est en revanche pas du gout des beaucoup d’autres.

D’appels à une intervention en Libye, le président tchadien se retrouve en plein guerre au Nigeria face à Boko Haram.
Que se t-il vraiment passé ? Pourquoi ce virement  brusque et soudain? Quels  sont les dessous de l’intervention tchadienne au Nigeria? Quelles seront les conséquences socio-politico-economiques à moyen et longtemps terme? Quelles sont les retombés sur le processus démocratique au Tchad? Quel avenir pour le régime de MPS ? Pourquoi ce silence des islamistes envers le Tchad? Que préparent-ils? Quel Tchad après Deby dans tous ses interventions extérieur? Et les tchadiens dans tout cela? Et si une nouvelle rébellion tchadienne recommençaient ses hostilités au Nord, à l’Est, ou au Sud? Et pourquoi pas à l’Ouest?

De Paris à Londres, d’Alger à Riyad, de Brazzaville à Yaoundé, d’Abuja à Khartoum, si le rôle que joue le Tchad ou plutôt Deby en Afrique est soutenu et encouragé par certains, il n’est en revanche pas du gout des beaucoup d’autres.
Il y a encore peu de temps, le président tchadien appelait à une intervention militaire en Libye, aujourd’hui, il se retrouve presque seul au front face  à Boko Haram et pourtant, ce même président est accusé d’avoir entretenu en armes, munitions et carburant la secte islamiste nigériane.

En dépit de la couverture accorder par la presse française et malienne propulsant Idriss Deby comme un panafricaniste de la dernière heur,  grâce à son rôle de sauveur au Mali, en Centrafrique et maintenant dans la guerre contre Boko Haram, la communauté des présidents africains en générale à part la [France] voient dans la politique de va-en-guerre du président tchadien, comme une entrave à leur souveraineté et un risque potentiel de déstabilisation de leur régime.

En effet, Deby est intervenu au Cameroun malgré lui. L’idée étant venu de Paris après l’échec du mini-sommet sur la paix en Afrique suite à l’enlèvement des filles de Chibok. L’intensité d’agression des éléments de Boko Haram au Cameroun avait obligé le Cameroun d’accepter cet offre sous-couvert des raisons économiques et sécuritaires. Mais cependant, Yaoundé est réticente quant-aux vrais intentions ou mission de son voisin qui ne s’arrête pas à juste assistance militaire.

Après la mise en garde de l’Algérie de la pensée interventionniste militaire de Deby en Libye, Paris notamment la DGSE lui offre un second plan tout fait. De quoi briguer un nouveau mandat en 2016. Selon des confidents, Deby perturber par les élections prochaines et le risque d’un soulèvement populaire contre son régime suite à la dégradation de condition de vie de la population, l’injustice sociale et l’insécurité, il parvient par cette guerre contre Boko Haram, à se redorer une image comme au temps de son intervention au Mali. Ainsi le président tchadien vient de réussir sa négociation d’un dernier mandat selon les termes.

Mais si Paris ou plutôt le rôle dont joue Deby dans la région va lui permettre de briguer un nouveau mandat grâce à des les élections truquées comme d’habitude et une reconnaissance internationale pour se légitimer, rien ne garanti en revanche la survie de son régime. Car, au delà  de la propagande médiatique et la reconnaissance de la communauté internationale des élections dont les résultats sont connus d’avance, les autorités fédérales nigérianes ainsi que l’opposition nigérianes sont furieux de l’intervention tchadienne prématurée dans un conflit purement interne, qui risque de se transformer en une guerre civile et ré-ouvrir les plaies de la guerre de Biafra.

Boko Haram est considéré comme une branche de l’Etat Islamique avec des moyens et des connexions partout dans le monde. L’intervention tchadienne au Mali, puis maintenant contre les islamistes de Boko Haram, détruit des années de travail colossale des mouvements, gouvernement ou confréries des islamistes politiques ou djihadistes et qui n’ira surement pas inaperçu et sans réponse. Les nouvelles provenant de la Libye ne sont guère rassurante pour le régime. Sans oublier le Darfour soudanais qui risque de voir naitre une branche d’Al-Qaïda ou de l’Etat islamique.

Certains indiscrétions laissent filtrés des informations soi-disant une exile dorée du président tchadien en Afrique du Sud. Mais selon toute vraisemblance, l’âme qui habite ce corps est démuni de toute sagesse politique.

Le Tchad n’est pas une puissance régionale, en mesure de convertir sa stratégie de projection régionale de la puissance militaire, en une logique de résolution des conflits. Ses interventions ne sont juste que pour satisfaire l’ambition de l’institution unique en la personne de Deby.

Le réveil sera troublant et tout ne fait que commencer.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Analyste politique

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