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Économie| Le déluge de la croissance

Avec une couverture montrant un crâne vert au fond noir auquel est écrit au dessus: L’ENFER C’EST LUI: Génocide économique. Le genre de roman d’horreur qu’on a souvent envie de dévorer lors d’un chagrin d’amour. Ça rappel étrangement l’affiche de ce film d’horreur, SAW, ou le tueur en série impose à ses victimes un choix entre la vie et la mort dans des pièges sadiques.

Lorsque j’ai vu la couverture et lu la présentation du livre, j’ai déduis au début qu’il s’agit probablement d’un adepte aux théories du complot ou un conspirationiste, qui croient dure comme fer que les illuminatis dirigent le monde.

J’en ai trop souffert voire endoctriné durant mes premiers années d’études ou je passais des heurs à lire des articles et voir des reportages sur cette force maléfique au pouvoir surnaturel qui a pour but de créer un nouvel ordre mondial dont tous les être humains de la planète seront ses esclaves. Je voyais des symboles illuminatis partout, même dans mon assiette. J’étais profondément perdu dans le labyrinthe de mon propre esprit.

L’insistance de l’auteur  qui m’envoya une version Kindle de son œuvre à susciter ma curiosité et m’a encouragé à la lecture de son livre qui est au delà de toutes mes attentes. Pendant que je lisais la présentation du livre et le «génocide économique» m’ont fait penser à tous les livres ennuyeux de l’histoire de la pensée économique que j’étais amené à lire et le temps fou que je passais à la bibliothèque de cette université islamique puante l’odeur des vieux livres.

Aujourd’hui avec une maitrise en science économique, j’ai été confronté dès ma première année aux controverses et de l’importance de l’économie dans nos sociétés. Je me rappel qu’un prof égyptien proche des frères musulmans lors de son cours en microéconomie, nous disait que  les bases auxquelles sont bâtis le modèle capitaliste et le modèle communiste sont tous faux. Pour lui et selon le système économique islamique, la seule authentique, la rareté des matières premières à la satisfaction des besoins de l’homme est une théorie qui n’a aucun fondement réel. Pour soutenir ses propos, le prof se base sur des séries de verset du Coran dont Dieu demande aux croyants de ne pas tuer  les« enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux» et plein d’autres versets et parole de prophète. Cette interprétation peut aussi être l’un des causes des misères en Afrique.  J’ai été choqué par sa façon d’interpréter le Coran et de se baser sur des versets pour saper facilement plusieurs années des travaux scientifiques.

Contrairement aux sciences sociales conventionnelles, on enseigne dans tous les universités islamiques du monde que soit l’économie, le droit, la finance, et tout ce qui fini par «islamique» préviennent du Coran et de la Sunna.  J’ai alors demandé la question pourquoi les musulmans ne sont-ils pas aussi développés et «évolués»  comme l’Occident alors que ces derniers sont de tradition chrétienne? Une question qui m’a valu la risée des étudiants islamistes majoritaires à l’université. En effet, l’argument que ces disciplines sont tirés du Coran et de la Sunna a pour but principale d’empêcher toute réflexion opposante en coupant court le débat qu’il s’agit des «paroles de Dieu», et aussi une façon de faire adhéré la masse des musulmans naïfs attirés par tous ce qui est islamique, dans un jeu des mots sémantiques.
En vérité ce ne sont que des théories faites par des hommes qui n’ont souvent aucun lien avec la discipline, inspirés des sources de l’islam. Ces théories ne sont ni saintes, ni universelles.

Dans ce milieu, la laïcité est perçue comme une religion, un péché grave pour un musulman.  Mais mes idées, mes approches et mon comportement ont toujours fini par me trahir. Alors j’ai adopté la stratégie du silence. C’est ainsi dont j’ai compris que mon éducation laïque et les enseignements dont j’ai eu au collège et au lycée ont façonné mon esprit à ne voir que sous un angle précis, rejetant tout autre vision qui ne corresponde pas. Pour se libéré de ces chaines, j’ai appris à être patient dans mes réflexions, d’observer, de comprendre, de conceptualiser et d’analyser. Il faut être capable de penser et de repenser ses pensées. Le défi de l’économiste de ce 21e siècle.

Dans le livre « L’enfer c’est lui : Génocide économique », Jo M. Sekimonyo nous éclaire d’une façon simple et éloquente, sur les failles du capitalisme d’aujourd’hui et sur son barbarisme d’avant. Les effets de son exploit ne sont pas seulement ressentis localement, mais se déplacent vite et loin comme dans la théorie du chaos. Un effet papillon à la conséquence cataclysmique. Les faillites des grandes entreprises peu scrupuleuses ont des répercussions en chaine non pas seulement pour ses proprios mais aussi à des milliers des employés qui se retrouveront sans emploi. M.Sekimonyo a révélé les écueils du capitalisme et les querelles entre les principaux courants des pensés quant à la forme et à la politique économique le mieux propice à la croissance et au développement durable profitable à tous.

Si la moitié du livre ne parle que de l’injustice du système capitaliste,  le marxisme dont M.Sekimonyo désapprouve, le socialisme qu’il s’en moque et le communisme qu’il dénonce, ont tous échoué face à cette machine d’inégalité et ce système totalitaire marchand tant décrié.  Floyd Mayweather à battu Manny Pacquiao non pas seulement parce qu’il était fort mais surtout parce qu’il était mieux entrainé et bien préparé. En revanche, après la belle tournée du monde dans ce livre, on apprend en fin la théorie magique qui est censé sauver le monde de l’obscurantisme et d’une éternelle désolation du capitalisme: l’Éthosisme.

Un concept que seul M.Sekimonyo serait capable de nous expliquer en profondeur dans un langage claire et éloquent comme il l’a fait durant ces coups de pied régulier aux fesses du Capitalisme.

Notons que plusieurs économistes de renom ont osé repenser la pensée économique. L’un des premiers à avoir proclamé la révision de la discipline économique est un prix Nobel d’économie, Paul Krugman. Les critiques des errements de l’orthodoxie économique sont depuis lors nombreuses. L’économiste américain Joseph Stiglitz, Prix Nobel 2011, juge aussi que « Si les États-Unis veulent réussir à réformer leur économie, il se peut qu’ils doivent commencer par réformer les sciences économiques. »

Stiglitz et P. Krugman, rappellent tous deux combien les leçons des années 1930 ont été oubliées par les macroéconomistes, ces spécialistes qui étudient les mouvements globaux de la production et de l’emploi. À cette époque, la grande dépression avait imposé une profonde révision des croyances des économistes. Avec un taux de chômage de 25 % en 1933 aux États-Unis, il était alors difficile de défendre l’idée que les marchés pouvaient spontanément résorber les déséquilibres entre l’offre et la demande de travail. La pensée de l’économiste britannique John Maynard Keynes avait fini par l’emporter, lui qui insistait sur la fragilité intrinsèque des économies de marché et la nécessité pour les gouvernements de dépenser massivement pour soutenir l’activité en cas de dépression. Toute une génération d’économistes, incarnée par le professeur Paul Samuelson, auteur du manuel d’économie le plus diffusé dans les années 1960-1970, s’était rangée à cette analyse.

Du coté des acteurs publics, obnubilés par la question de la dette et des déficits publics, les gouvernements ne veulent pas dépenser non plus. Or si tout le monde s’abstient d’investir, de consommer ou de subventionner en même temps, l’activité économique ne peut que ralentir et la situation de chacun se détériorer. Les entreprises ont moins de commandes, les salariés perdent leur emploi et les États ont moins de recettes fiscales. Cette thèse n’est pas nouvelle. Elle se résume largement au principe de John Maynard Keynes, hérault du déficit public : « C’est en phase d’expansion, pas de ralentissement, qu’il faut appliquer l’austérité. »

Quant aux inégalités, elles sont devenues un sujet brûlant dans l’édition américaine depuis  le mouvement des indignés américains, Occupy Wall Street, fruit d’un étonnant va-et-vient entre sciences économiques et mobilisation politique. J’approuve l’inquiétude de l’auteur du livre l’enfer c’est lui que l’augmentation du salaire minimum ne résoudra rien dans cette question brulante. Pourtant, les économistes mainstream minoraient la gravité du phénomène. Selon eux, si l’éventail des revenus s’était élargi depuis les années 1980, c’est que l’économie américaine était entrée dans un nouveau modèle productif qui valorisait plus l’éducation et les connaissances, créant un écart croissant entre les rémunérations des salariés qualifiés et celles des non-qualifiés. Dans The Conscience of a Liberal (Norton, 2007), Paul Krugman rejetait déjà cette thèse et affirmait une responsabilité politique, notamment celle de l’offensive fiscale et antisyndicale amorcée par Ronald Reagan. Cette interprétation domine également les essais récents de Timothy Noah (The Great Divergence, Bloomsbury, 2012) et de Joseph Stiglitz (The Price of Inequality, Norton, 2012) qui accusent une petite élite américaine d’avoir capté une large part des profits.
Là où T. Noah plonge le lecteur dans la fabrique de ces politiques (par le lobbying notamment), J. Stiglitz attribue de son côté cette concentration des revenus à des comportements « rentiers » grâce auxquels les magnats de l’énergie ou de la finance ont pu engranger des fortunes aux dépens de la majorité des Américains.

L’ouvrage de James K. Galbraith (Inequality and Instability, Oxford University Press, 2012) tranche avec ces interprétations politiques. Il montre notamment que l’accroissement des inégalités américaines est dû à la progression des revenus d’une toute petite partie du pays : une quinzaine de comtés (New York et la Silicom Valley, notamment) et d’activités économiques (la finance et l’informatique principalement). Mais surtout, cet élargissement de l’éventail des revenus est largement indépendant des politiques menées dans tel ou tel pays. C’est un phénomène global qui trouve une explication structurelle : le passage d’une économie manufacturière à une économie où la finance joue un rôle croissant, par les rémunérations stratosphériques qu’elle concède à quelques-uns, mais aussi par son impact sur l’essor des nouvelles technologies. Les travaux d’imminent économistes et universitaires que M.Sekimonyo ne cite pas dans son livre.

J’ai été surpris que dans cet acharnement au capitalisme ne pas avoir révéler cette partie obscure de l’iceberg qui apporte de l’eau au moulin aux inégalités: la Finance.
Dans l’offensive contre le dollar comme outil de réserve, M.Sekimonyo n’a jamais parlé du Gold Standard, l’étalon-or. Ce système monétaire dans lequel l’unité de compte ou étalon monétaire correspond à un poids fixe d’or qui permet de mieux résister à l’expansion du crédit et de la dette. La promulgation de l’Executive Order 6102 en 1933 et la Loi sur les réserves d’or (Gold Reserve Act) en 1934 par le président Franklin Roosevelt à précipiter l’écart entre les classes aux États-Unis au profil des vautours sans scrupule de la finance. Je pense que c’est le point focal de rupture post-dépression de bâtir un nouveaux système plus égalitaire et respectant des valeurs éthiques et morales.

Lire===> La valeur islamo-juridique des pièces de l’Etat islamique

Au delà de la nécessité de repenser les fondements de l’économie, il serait bon plutôt d’élargir la dimension des ces fondements prenant en compte, les enjeux morales, culturels et confessionnels de chaque nation. Ce qui fait la force du capitalisme, le modèle américain, est sa capacité à s’adapter aux réalités nouvelles, bien même qu’il peine à relever les innombrables défis du temps présent auquel il est à l’origine. Chaque nation doit développer son propre système économique basant sur ses valeurs culturelles et son mode de vie. L’envie d’universaliser la science économique est une peine perdue.

Incontestablement, l’éducation demeure la clef. Comme l’affirme l’auteur, l’enseignement supérieur est nécessaire au progrès, mais il s’arrête là où les aspirations des citoyens commencent. Un engagement solide à l’éducation d’un peuple, ne peut pas aider les nations pauvres à rattraper les économies les plus innovantes du monde actuel. Le modèle Allemand accès sur le travail ou le modèle des pays scandinaves fondant sur les revenus salariaux sont fortes intéressent. Mais nous n’avons ni la culture des Germains, ni l’histoire des Vikings.

J’attendrai patiemment le prochain livre qui j’espère découvrir des nouveaux concepts et une approche originale de la valeur, du travail, de la monnaie, du prix, de la production, du commerce, de l’offre et de la demande, en prenant en compte plusieurs dimensions.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, Étudiant à vie.

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