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La jeunesse africaine pour la paix en Afrique

De l’Égypte en Afrique du Sud, de la Somalie en Guinée passant par le Mali, le Nigeria, la Libye, la Centrafrique, des jeunes représentants chacun des 55 pays du continent africain se sont mobilisés pour écrire un livre pour la paix en Afrique. Certains ont fait appel pour la paix , d’autre un plaidoyer, une apologie de la tolérance  et certains autres un poème ou un texte contre la guerre et la violence.
Le livre sera publié le 21 Septembre prochain, journée internationale de la paix , dans les six langues les plus parlées du continent (anglais, français , arabe , portugais, espagnol et swahili) en version papier ainsi que dans la version électronique (Kindle) sur Amazon.
La préface du livre est rédigé par Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la Paix.

J’ai pris part à ce projet, voici un extrait, un avant-goût de ma contribution pour vous:

« Ils étaient assis autour du feu dans le village de Ngome lorsque des hommes en armes vinrent les attaquer, incendiant tout ce qu’ils trouvaient sur leur chemin. Amos n’avait jamais vu son père dans un tel état : quand il le prit, et l’emmena se cacher dans les branches d’un arbre, son nez frémissait de peur, sa main tremblait, il le serrait très fort dans ses bras, comme si rien au monde ne lui ferait lâcher son enfant. Puis il disparu entre les cases en pleine flammes. A l’instant même, quelque chose lui dit au plus profond de lui qu’il ne le reverrait jamais. Un sentiment inconnu l’envahit, il n’avait jamais ressenti une chose pareille auparavant. Peut être était-ce la peur, la  peur de ne plus revoir sa famille.

Du sommet de l’arbre, il vit un homme qu’ils appelaient « Commandant » exécuter son père puis se diriger vers son camion. Le village brûlait de tous les côtés. Amos ne voyait que le chaos et des habitants perdus. C’était un véritable tableau d’horreur. Le bruit des cases qui s’effondraient était parfois recouvert par des cris et des pleurs. Les gens du village couraient dans tous les sens, se bousculaient, se piétinaient les uns les autres pour fuir. Tout le village criait et pleurait. Des hommes brulés vifs dans leur maison, des femmes violées puis exécutées, des enfants et des bébés pleuraient au sol jusqu’à en étouffer.

Amos était accroché à l’arbre comme un singe, voulait tellement descendre, fuir ou mourir avec les autres, mais il ne pouvait pas, quelque chose le retenait. Il ne pouvait rien faire, absolument rien que de voir ce cauchemar malgré lui. Ses mains et pieds ne répondaient plus, comme s’ils étaient paralysés. Il sentit son cœur s’alourdir, ne savait quelle émotion il devait exprimer. Il passa la nuit sans fermer les yeux ni dormir. Ces images atroces lui revenaient à l’esprit, il restait là, figé comme une statue.

Le soleil était haut, la chaleur forte, un vent violent soufflait et Amos se retrouva allongé au sol. Il avait l’impression de se réveiller d’un cauchemar, et il aurait souhaité que ne soit qu’un mauvais rêve.
Un silence prudent planait, le village était réduit en cendres. Des cadavres jonchaient par terre et le sang était répandu sur tout le sol. Les villageois qui avaient fui dans la brousse revenaient pour vérifier leurs proches. Certains n’avaient encore pas acceptés leur mort et tentaient de les sauver bien qu’il était déjà trop tard. Une jeune femme, la jambe gauche amputée, hurlait, suppliait, voyant auprès d’elle son enfant visiblement mort.
-«  Aidez- moi…, aidez-moi, s’il vous plaît… »

La mère ne pouvait plus supporter cette situation. Elle se traîna, avec les forces qu’il lui restait, jusqu’à sa fille de huit ans, décédée, et s’allongea auprès d’elle. Elle hurlait sa rage, criait son prénom pour qu’elle lui revienne. Son ange, maintenant couvert d’une couleur écarlate, couvert de saleté, tordu de douleur, tenant dans ses bras sa poupée tachée de sang, ne sourirait plus jamais. La mère cria de pleurs, leva la tète vers le ciel gris et maussade, et s’exclama :

– « Pourquoi ? Pourquoi m’ont-ils pris la seule qu’il me restait ? La seule chose qui comptait pour moi ? Pourquoi ??? »

Elle semblait devenir folle à crier contre le vent, espérant inlassablement que quelqu’un lui répondrait. Finalement, elle se résigna à vivre le peu de temps qu’il lui restait. Elle essuya son visage, prit son enfant dans ses bras, la serra contre elle et se laissa mourir. Près d’elle, Amos voyait le corps de sa mère mais jamais il n’eut le courage d’aller vers elle. Il comprit ainsi qu’il était désormais seul, tout seul. […]»   Rendez-vous le 21 septembre.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
political activist, independent analyst and defender of human rights
Chad

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djarmaacheikh

Commentaires

Kanyfils
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C'est fabuleux! On attend impatiement l'intégralité de votre contribution. Ce sont des actes à encourager, representons fièrement le bleu-jaune-rouge au moment opportun, "Va de l'avant!" c'est le moins qu'on puisse dire!