Fête d'Amdjarass : similitudes ou simple coïncidence ?

Sur les réseaux sociaux, on observe ces jours-ci une indignation quasi générale des Tchadiens quant aux liasses de billets de banque qui se déversent sur les chanteurs et les danseuses à Amdjaress. Siège du sultanat Itno, Amdjaress est désormais devenu le centre névralgique de l’Etat tchadien. Le président Deby et ses courtisans, aveuglés par un bien mal acquis, n’y comptent plus les billets.

En 1975, le président Tombalbaye et ses amis faisaient de même lors d’une fête organisée à Sarh et à Balemba. En mars 1975, un coup d’Etat renversait Tombalbaye.

Ndjamena, le 25 mars 1975. Au cours d’une réunion du Conseil exécutif du Mouvement National pour la Révolution Culturelle et Sociale (MNRCS), le président Tombalbaye s’adresse au conseil et interpelle Ali Kosso sur un ton péremptoire :

-Kosso, tu as vu comment on a versé de l’argent au cours des cérémonies à Sarh et à Doyaba? Tu crois que c’est normal ça?

Kosso, ne sachant quoi répondre, se tait. Tombalbaye, sur le même ton :

– Lorsque je mourrai, je sais que personne n’aura le temps de me faire de sacrifice. Alors j’ai fait mes sacrifices moi-même.

Tombalbaye lui redemande encore :

– Tu as vu à Sarh comment je jouais au balafon? As-tu vu un jour un chef d’Etat jouer au balafon?

Kosso répond :

– Non, grand compatriote.

Tombalbaye lui dit :

– Justement, je connaissais quelques notes alors je me suis pleuré moi-même.

Avant de lui reposer une troisième fois la question : 

– Kosso, tu m’as vu faire des photos avec Bono Blum, Doyangar et Rarekingar?

– Oui, grand compatriote, répond Kosso.

– Tu sais pourquoi?

– Non, grand compatriote.

– Parce que ceux-là étaient mes amis avant que je ne sois président. Après, je les ai négligés. C’est pourquoi j’ai tenu à faire mes dernières photos souvenir avec eux.

Le président Tombalbaye continue son discours et dit:

– Ecoutez-moi bien : les militaires bougent, ils sont sauvages. N’acceptez pas de vous faire humilier devant vos femmes devant vos enfants. Quant à moi, j’ai choisi la mort.

Effectivement, le 13 avril, il a refusé de se rendre aux militaires venus l’arrêter, et un capitaine lui tira une balle dans la tête. Après son assassinat et l’enquête qui s’ensuivit, on découvrit qu’il n’avait aucun compte à l’étranger.

Ses enfants au Liban, en Côte d’Ivoire et en Haïti ont tous été renvoyés de leur école parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs études. Un trimestre après la mort de leur père.

Alors, si le président Deby est sûr qu’il ne se fait pas passer pour un malade imaginaire, aura-t-il le courage de prévenir ses collaborateurs ? Ou fera-t-il comme son prédécesseur Hissein Habré, dont les proches collaborateurs juraient qu’il dirigeait encore les opérations, deux jours après qu’il ait quitté la capitale. Wait and see

Aboulanwar

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Auteur·e

djarmaacheikh

Commentaires

cherif
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il y'aura bien sur quelqu'un à le succède