Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Le dictateur Idriss Deby, l’homme providentiel et indispensable de la France

Depuis l’indépendance, la France entretient des relations fortes avec le Tchad, d’un régime à l’autre, qui se caractérisent par leur dimension militaire dictatorial, par la corruption endémique qui fait de ce pays l’un des piliers de la Françafrique.

En Avril 2016, Idriss Deby est réélu frauduleusement pour un cinquième mandat après 26 ans au pouvoir. Roland Marchal est chargé de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po) revient sur la personnalité du président Tchadien Idriss Deby, au pouvoir depuis 1990. Ses recherches portent sur l’économie et les conflits dans l’Afrique sub-saharienne. Il a publié en avril 2015 un rapport qui revient sur dix années de politique française et européenne au Tchad.

Interview réalisé par: Kalidou Sy

Télécharger le rapport « Petites et grandes controverses de la politique française au Tchad » :

 

 


Biométrie au Tchad : nouvelles technologies et vieilles recettes électorales

Depuis le début des années 2000, les technologies d’identification biométrique représentent un marché en pleine expansion en Afrique. Ces technologies, qui ont d’abord été développées par des multinationales du secteur de la défense et de la sécurité, sont régulièrement présentées comme une solution pour limiter les fraudes électorales. La tenue des premières élections «biométriques» au Tchad, les 9 et 10 avril derniers, montre que ces nouvelles technologies, extrêmement coûteuses, suscitent des espoirs mais ne modifient pas radicalement les règles du jeu politique.

Une liste électorale plus fiable

Pour la première fois au Tchad, les 9 et 10 avril, les électeurs et électrices ont voté en présentant des cartes d’électeur établies avec des données biométriques. Cette nouvelle technologie avait suscité de grands espoirs. Les opposants mais aussi les militants syndicaux et associatifs s’étaient massivement engagés pour le recensement biométrique: en 2015, ils avaient ainsi défilé pour la défense de la biométrie électorale lors de la traditionnelle manifestation du 1er mai.

Son introduction avait déjà été préconisée dans l’accord signé en 2007 par le gouvernement et la principale coalition de l’opposition sous l’égide de l’Union européenne. Huit ans plus tard, c’est une société française, Morpho, filiale de Safran, qui remporte un marché de plus de 22 millions d’euros, après qu’un cabinet d’études, lui aussi français, a rédigé la première étude de faisabilité. Un peu plus de 6 millions de cartes ont été fabriquées en France avant d’être acheminées au Tchad.

 

Le processus a connu son lot de retards, de blocages et de polémiques. Les opposants ont notamment regretté que la biométrie ne soit pas «complète». D’abord, parce que la distribution des cartes d’électeurs a dû se faire sans identification biométrique. Les cartes, pourtant bien rangées par ordre alphabétique dans leurs boîtes, ont été distribuées dans un grand désordre. Néanmoins, cette distribution s’est révélée – au final – relativement efficace, même s’il n’est pas exclu que certaines cartes n’aient pas trouvé leur propriétaire légitime.

Une biométrie «incomplète», ensuite, car si on a effectivement demandé aux Tchadiens souhaitant s’inscrire sur les listes électorales de présenter leurs empreintes digitales, le vote lui-même s’est fait avec de simples listes d’émargement. Il n’y avait dans les bureaux de vote aucune technologie pour relever à nouveau leurs empreintes.

L’enregistrement biométrique des électeurs a cependant permis la constitution d’une liste électorale plus fiable que les précédentes: chaque électeur ou électrice ne pouvait être inscrit qu’une seule fois. Une rapide comparaison des listes électorales de 2011 et de 2016 permet d’ailleurs de voir que certaines régions considérées comme des fiefs du président sont étrangement moins peuplées que quelques années auparavant…

La puissante machine clientéliste du MPS

Cette technologie ne garantit cependant pas des élections justes et transparentes – quand bien même la biométrie serait «complète» – de l’enregistrement au bureau de vote. Le 22 avril, après près de deux semaines d’attente, les résultats de l’élection présidentielle tombent enfin. Idriss Déby, le président sortant, à la tête du Tchad depuis 26 ans, est sans surprise réélu pour un cinquième mandat, avec 61,56 % des voix au premier tour.

Contrairement à la précédente élection présidentielle, en 2011, qui avait été boycottée par l’opposition, treize candidats – tous des hommes – ont fait campagne dans un climat tendu. Quatre leaders, militants des droits humains et syndicalistes, qui voulaient organiser des manifestations contre la candidature du Président Déby ont été arrêtés et emprisonnés. Ils ont finalement été relâchés après trois semaines marquées par une importante mobilisation – l’Union des Syndicats du Tchad avait lancé un appel à la grève, très suivi – mais ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis.

Face à l’opposition : le parti du président-candidat, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), une puissante machine clientéliste présente dans toutes les régions du pays. Dans les rues de N’Djamena, de grandes affiches annoncent avant le scrutin qu’Idriss Déby ferait « un coup KO » – comprenez qu’il battrait ses opposants dès le premier tour. Dans chaque quartier, de petits abris ou de grandes propriétés ont été transformés en « bureaux de soutien » à Idriss Déby. Sur leurs murs repeints aux couleurs du MPS figure l’emblème du parti – une houe et une kalachnikov croisées auxquelles on a ajouté une flamme – qui rappelle que le président-candidat est arrivé au pouvoir par les armes en chassant Hissène Habré en 1990.

Désordres opportuns

Si le vote s’est déroulé dans le calme, il n’a pas été sans problèmes pour autant. Le vote des militaires, la veille du scrutin des civils, est le plus préoccupant. Des officiers contrôlaient que les hommes de troupe votaient «bien». Certains militaires ont été arrêtés et ne sont pas réapparus. Leurs familles dénoncent une disparition forcée. Les propos du ministre de la Sécurité qui affirment que ces militaires seraient partis en mission sans prévenir leurs proches ne sont pas de nature à les rassurer.

Le vote des nomades s’est ensuite déroulé dans un grand désordre propice aux fraudes. Le vote des sédentaires a, lui aussi, été problématique : dans certains bureaux de vote, il manquait des bulletins, dans d’autres, des procès verbaux. Enfin, la coupure des SMS et des réseaux sociaux, qui est une façon d’empêcher la diffusion des résultats des dépouillements et de freiner les mobilisations, a alimenté toutes les rumeurs.

Il n’est pas aisé de distinguer des désordres qui relèvent de difficultés logistiques de véritables fraudes. D’autant plus quand la seule mission d’observation internationale est celle de l’Union africaine – organisation dont le président en exercice n’est autre qu’Idriss Déby lui-même… La trentaine d’observateurs déployée dans ce pays immense a relevé des anomalies mais a jugé malgré tout le scrutin «crédible et transparent».

Une mission d’observation nationale avait été mise en place par une puissante organisation de la société civile… connue pour être proche du parti au pouvoir. Elle avait installé son QG dans l’un des grands hôtels de la capitale. Certaines organisations, bien que dépourvues de financements internationaux, ne semblent pas connaître de problèmes de trésorerie!

Loin des yeux

Le MPS était le seul parti capable d’avoir des délégués dans tous les bureaux de vote. Les partis d’opposition n’étaient pas représentés sur l’étendue du territoire. À N’Djamena, le dépouillement s’est déroulé sous l’œil de militants et de citoyens vigilants. Dans les villes du Sud, ce fut également le cas. Mais une telle organisation est impossible dans des régions où il est coûteux et parfois risqué de s’afficher avec l’opposition ou la «société civile».

Comment surveiller le vote et les dépouillements s’il n’y a pas de représentants de l’opposition ? Comment contrôler que les urnes ne soient pas bourrées pendant la nuit  Que les procès verbaux des résultats envoyés dans la capitale pour être compilés sont bien les bons? Plus difficile encore : comment empêcher, en amont, les autorités locales de faire pression sur les électeurs ? Et surtout comment donner un sens à l’acte même du vote quand le parti hégémonique, issu d’un mouvement armé, gouverne en associant répression et cooptation depuis des années ?

L’introduction de la biométrie électorale n’aura pas seulement été une bonne affaire pour les industriels français. Idriss Déby s’en sort avec une élection (un peu) plus crédible que les précédentes, sans avoir eu à renoncer à ses vieilles recettes pour se maintenir au pouvoir.

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Par Marielle Debos, Associate professor in Political Science, Université Paris Ouest Nanterre, Institute for Social sciences of Politics (ISP), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Cet article a été publié sur The Conversation.

 


Notre Temps

Ces poèmes sont un cri

Le cri de la tragédie

Le cri qui nous vient du sang

Le sang vomi par la terre pour la PAIX

C’est le cri qui nous dépasse tous

A cause de la fumée constante de nos foyers enflammés

Ce cri est la voix d’un homme

C’est le cri de l’homme

Dans un cri adressé à l’homme

…/…

Un cri

Un cri ne se traduit pas

Un cri ne se comprend pas

Il est omnidirectionnel

Et comme tel il s’entend.

De ton tempérament optionnel

Il se moque depuis des temps

Un cri est une goutte d’eau

Comme elle, se répand sur 360 degrés

Tu le voudras rond comme un zéro

Lui, se disperse, et n’attend pas ton décret.

 

Mahamat LITASSOU Brahim: tchadien poète, socio-économiste. Après ses études primaires au Tchad, il est Diplômé à l’UNIVERSITE DU TCHAD. Il fait ses études professionnelles à SAINT-CYR à Coëtquidan dans la Bretagne puis à l’école Supérieure et d’Application de Génie à Angers en France.


Tchad: la foire du désordre électoral est terminée

Depuis les premières élections présidentielles de 1996, les tchadiens n’ont pas changé d’avis vis à vis du candidat MPS. Mais il est affligent de constater que les mêmes tchadiens n’ont pas encor compris les deals que certains dirigeants se le permettent sur leurs dos.
Lors que nous évoquions cette question à la veille du dernier scrutin, certaines incrédulités se dressent comme si, se poser de question sur l’opportunité d’aller à une telle aventure était une idiote réflexion.

Aujourd’hui, il n’y a rien à cacher. Le tout s’est déroulé au vu et au su de tous. Le film d’un médiocre tournage est joué sur un terrain dégagé devant une meute médusée.
Aussi la société civile et la jeunesse sont les seuls cocufiés de l’histoire. Ils était tellement claire dés le départ, que le pouvoir et ses complices dits partis politiques se gaussaient des tchadiens.
Il y a évidemment quelques braves qui, de bonne foie, ont embarqué leurs partis sur un terrains où les peaux de bananes sont légions.

S’il y a deux grosses erreurs commises par la société civile et la jeunesse, c’est d’avoir focaliser leurs actions sur une seule partie du duo: Échauder le pouvoir jusqu’au dernier de ces retranchement, et d’avoir soutenus des simples faire valoir. Et en conclusion chacun de duo a parfaitement joué son rôle.

En effet, qui peut penser un seul instant que ces grands commis de l’Etat, don certains comptabilisent plus de quarante ans d’expérience politique, et qui ont servis aux plus hautes fonctions de l’Etat puissent se faire gratuitement roulés dans la farine par Deby? Il serait naïve de se résoudre.

Quelques repères nous permettent de douter de la bonne fois de certains . Il serait fastidieux d’énumérer les turpitudes des partis politiques de l’opposition. A chaque étape de l’obscure accord du 13 Aout 2007, ou du fameux organes dit de concertation. Ils nous abreuvent des communiqués futiles juste pour amuser la galerie; et on continue comme si de rien était. Il n’y a pas une seule fois où ces partis sont arrivés a changer d’un iota les attitudes insolentes du MPS. Citons quelques unes:

– Le parti au pouvoir refuse le kit électoral, ça fait rien on va quand même. Alors que tout le monde sait que c’est le nœud gordien.
– Le pouvoir arbitrairement met en prison les leaders des associassions de la société civile; et on brandit des actes ostensiblement ridicule; mais personne ne menace d’arrêter le processus électorale qui se trouve déjà essoufflé et frappé d’énormes irrégularités.
-La société civile quitte la CENI, on dit ça fait rien, on continu quand même.
-Très peu de disposition prises pour pourvoir les bureaux de votes des représentants des candidat de l’opposition. Et les rares qui se présentent sont systématiquement refoulés dans certaines régions. On dit ça fait rien on continu quand même.
– Malgré les violations et les perturbations cyniques et grossières constatées dés le 9 Avril avec le vote des militaires, les représentants des partis politiques à la CENI continuaient a vaquer normalement avec leurs collègues du MPS jusqu’au 17 Avril avants de prétendre annoncer leur démissions. De qui se moque t-on?

Avant même que la CENI annonce le résultat provisoire, les douze candidats de l’opposition concluent un accord de partenariat pour le deuxième tour; et le challenger est évidemment Deby.
Qui leur a dit que le candidat à sa propre succession ne se reléguerait pas au troisième voir au cinquième rang du peloton, sachant que n’importe quel des candidats à lui seul, arriverait devant Deby comme c’était le cas avec le défunt Gl. Kamougué au deuxième tour en 1996.
Quelle est la signification donc de cet avance gratuite? Fait elle partie du deal, mais que Deby s’est empressé de l’enterrer dans un sarcasme olympien?

A douze, on prétend former un gouvernement de salut national si le suffrage du peuple est détourné. Puis on se trouve à cinq, à quatre, et certainement à aucun au final. C ‘était juste un subterfuge dés le départ? Ou parce que des sous marins se seraient introduits dans la demeure?

Et enfin sachant que la cour constitutionnelle est pire que la CENI départ ses prouesses légendaires, dont on prétend attendre son verdict; alors qu’ont rejette en bloc les résultats donné par la CENI. C’est sulfureux comme attitude politique non?
Le seul perdant dans cette mascarade est le peuple qui vivra avec la peur au ventre, sans voir le bout de tunnel de cinq années de dictature, de l’arbitraire et de l’obscurantisme.

Aussi, s’il y a un gain inestimable que cette mascarade électorale a réussi à introduire dans l’a-sphère de la vie socio-politique tchadienne, c’est bien l’énorme prise de conscience nationale qui se traduira désormais avec force sur l’ensemble de la donne politique au Tchad.

Rien ne sera comme avant. Il est claire que la jeunesse don son espoir a volé en éclat devant une illusion de changement miroité par certains leaders politiques pour se faire de la place au soleil au détriment des revendications légitimes du peuple. Cette jeunesse là, ne lâchera rien.  Devant la volonté de domination absolue , l’arsenal de l’intimidation et de la violence meurtrière, les chances de prétendre à un droits quelconque sont minimes. Ceci dit, il faut aussi comprendre que tant que les ayants des droits fondamentaux légitimes du citoyen resteront confisqués, il serait illusoire de penser que le pouvoir jouirait de l’étendu de son injustice, de sa gabegie et de ses frasques inconsidérées.

Devant la volonté de l’arbitraire qui impose un despotisme moyenâgeux, toutes les formes de lutte sont permises pour se libérer de son joug.

Mahamat Djarma Khatre, Aboulanwar


Acheikh Ibni Oumar revient sur le soutien de la France à la dictature de Deby

Interview de Acheikh Ibn-Oumar, opposant au président Tchadien Idriss Deby (au pouvoir depuis 1990). Ministre des affaires étrangères d’Hissène Habré en 1989-1990, il devient conseiller spécial du président Idriss Déby (1990-1991), après que celui-ci a renversé Habré. Il est ensuite ambassadeur du Tchad aux États-Unis, et haut-représentant auprès des Nations unies (1992-1993). Il rompt ensuite avec Déby et quitte le pays.
Dans cette interview, il se livre sur l’arrivée au pouvoir de Deby et le rôle de la France dans son soutien.


Thomas Dietriche se trompe-t-il de combat ou de pays?

Le lundi 18 avril, un ressortissant français a été expulsé du Tchad  vers le Cameroun après avoir été arrêté la veille peu après son arrivée à N’Djamena la capitale Tchadienne.

Politiquement, il se défini comme un opposant au régime tchadien d’Idriss Deby et prêt à le faire savoir même au péril de sa vie. Thomas Dietrich est un Français qui se dit avoir été tombé amoureux du Tchad. Ainsi, le jeune homme veut libérer les tchadiens de la dictateur d’Idriss Deby et sauver un peuple qui crie à famine selon ses propos.

Un combat aussi maladroit sur le fond que sur la forme. De quel droit M. Dietrich peut-il se permettre d’être «opposant» a un president de la république du Tchad? Une république au quelle il n’en détient pas la nationalité? Aurait-il par hasard confondu le régime de Deby à celui de François Hollande en chute libre dans les sondages? Ou cherche-t-il à perpétuer la tradition coloniale française en Afrique?

Diplômé en Science Po Paris, celui-ci part faire son stage à Bangui au ministère du commerce dans les années 2011. Très vite, M. Dietrich intègre le cercle du pouvoir en Centrafrique au temps de François Bozizé et devient presque incontournable aux chefs rebelles centrafricains de la Seleka. Il avait écrit un roman Là où la terre est rouge pour preuve d’amour pour la Centrafrique. Lors de la guerre civile et confessionnelle qui ravage le pays en 2012, Thomas retourne en France et se rapproche un peu plus des fils d’Ibni. Ils fondent ensemble le Mouvement du 3 février (M3F) référence à la date de disparition de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh et se donnant objectif de renverser du pouvoir le tchadien Idriss Deby.
Il est alors invité en tant que conseiller et souvent spécialiste du Tchad sur les plateaux télé en France notamment sur TV5 monde et France 24. Sans blague.

Co-administrateur du site internet tchadenligne.com et centrafriquenligne.com, l’écrivain abandonne Là où la terre est rouge et tombe sous le charme des enfants des Toumaï. Un roman qu’il écrit sur le Tchad en 2016.
Après l’éclatement du mouvement M3F à la fin de l’année 2015, Thomas se démarque et passe de statut de conseiller à l’opposant. Il se rapproche ainsi d’un autre groupe des activistes tchadiens à Paris.

Si c’est un Tchadien qui se présente opposant à une autorité française en France, on l’aurait mis en prison pour entrave à l’autorité, interné dans un hôpital psychiatrique  ou traité d’humoriste du mauvais goût.

Ceci, explique-t-il en faite le silence de l’ambassade de France à N’Djamena face aux traitements dégradants infligé à l’un de ses ressortissants par l’ANS, la police politique? Serait-il aussi une approbation des autorités françaises aux procédés répressives du régime de Deby pendant 25 ans? Ou une approbation symbolique de plus au passage en force par Deby à l’élection présidentielle du 10 Avril?

Plusieurs journalistes, chercheurs, militants et associations de défense de droit de l’homme à travers le monde mènent un combat tous les jours au quotidien contre les systèmes totalitaires en les dénonçant dans le cadre de leurs métiers. Il est triste de constater que l’aventure malheureuse de M. Dietrich n’est pas plus qu’une opération de communication.

Doit-on lui rappeler la main mise de la France au Tchad depuis plus de 50 ans? Doit-on rappeler à Mr Thomas Dietrich que le régime barbare qu’il veut combattre est maintenu et soutenu par son gouvernement? A-t-il oublié que les cris de ce peuple qu’il qualifie d’affamé est de leurs maintien dans la misère par la France ? Les Tchadiens n’ont pas besoin d’un bouc émissaire de s’en apitoyer sur leur sort. Ne pas confondre certains activistes à Paris au reste des Tchadiens.

Le jour au vous aurez l’audace Mr Dietrich de combattre votre gouvernement et faire une excuse des crimes commis en Afrique et au Tchad en particulier, peut-être que les Tchadiens rêveront votre bonne volonté. Vous êtes beaucoup plus concernés par Nuit Debout que par Deby au Tchad. En vous souhaitant une bonne guérison.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste, Mondoblogeur


Bechir Madet: l’Alliance n’est que groupement de 100 personnes

La messe est dite. Cette fois-ci n’est pas par l’opposition, ni par la société civile moins encore par les activistes blogueurs. Le groupement de l’Alliance d’Idriss Deby Itno ne compte vraiment qu’un peu plus de 100 personnes. Au lendemain de l’élection présidentielle, les premières estimations des résultats de vote des CENI locales annoncent la défaite du président tchadien Idriss Deby dans plusieurs région du pays.

L’aveu est prononcé par Bechir Madet, ancien ministre de la justice et actuel Président des jeunes du MPS (Mouvement patriotique du salut) le parti d’Idriss Deby au pouvoir depuis 26 ans et candidat à sa propre succession.

Lors d’une conférence de presse, le magistrat et fervent militant du Mps Bechir Madet laisse entendre que les résultats ne sont pas très favorables pour le partie de l’Alliance. Il demande en conséquence de se mettre au travaille pour viser les prochaines élections faisant référence aux législatives et communales et  visé le prochaine présidentielle dans 5 ans.

L’ancien ministre écœuré par la défaite de l’Alliance, le parti au pouvoir, présente ce dernier pas plus qu’un regroupement de plusieurs 100 personnes.

En effet, le 7 avril 2016, 112 «partie politique» ont apporté leurs soutiennent au MPS pour élection présidentielle du 10 Avril. Des parties politiques montés de toutes pièces sans aucune forme juridique ni base populaires. Pour le partie au pouvoir, c’est une façon de faire montrer à la communauté internationale sa popularité.
Mais en vérité, chacun de ces parties politiques est incarné par un seul individu sans aucun militant. Dans les 112 partie politique allié du  Mps, ont compte en chacun au maximum deux personnes. Le president et son épouse et inversement.

Le groupement de l’Alliance qui se veut 112 parti politique, n’est qu’un groupement de 112 personnes comme confirme le président des jeunes du partie au pouvoir. Ceci étant un fait, il est logiquement impossible que 112 personnes puissent faire élire un president au milieu d’un peu plus de 6 000 000 d’électeurs.

Malgré les irrégularités et les cas de fraudes massives et  flagrantes, le Mps et les 112 personnes qui le composent n’ont gagné qu’une seule région, bastion d’Idriss Deby d’environs 20 000 âmes. Ennedi-Est.

Mais en toute état de cause, Deby serait-il assez sage pour accepter sa défaite, ou déclara-t-il la guerre à un peuple qui n’a plus rien à perdre? En tous cas, il semblerait que ses collaborateurs ne le suivront pas dans une telle aventure suicidaire.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, Mondoblogueur

https://www.youtube.com/watch?v=d4_cOKOxFZE&feature=youtu.be


Tchad : La répression des défenseurs des droits humains persiste

A quatre jours du premier tour de la pseudo élection présidentielle, où le Général président Sultan Déby, un féru hors pair des hold up électoraux tenterait sa 5ème forfaiture, une chape de plomb s’abat sur le pays. En effet, le 07.avril 2016, le Tribunal de première instance de N’Djaména a abrité un procès inique d’essence politique des 4 leaders défenseurs des droits de l’homme. Le procureur a requis à la cour de condamner ces derniers à six mois de prison ferme.

La légèreté déconcertante des chefs d’accusation, n’a pas résisté face à la Force du droit de la défense du panel d’avocats et à la mobilisation massive citoyenne, surtout des jeunes maintenus à distance par la police.
Le procureur et le juge percuteraient-ils dans leur subconscient la gravité d’un verdict si lourd et injuste, séance tenante contre des innocents ? Leur conscience assumerait-elle les conséquences gravissimes pour le pays ?
Le refus du juge de délibérer au siège en reportant la délibération pour le 14 avril 2016 serait-il une stratégie de concocter d’autres fausses preuves d’accusation car les premières frappées de nullité étaient atomisées par la solide défense dès le premier tour.

Au demeurant, rappelons que les leaders de la société civile Madame Céline Narmadji, M. Mahamat Nour Ibedou, M.Nadjo Kaina Palmer et M.Younous Mahadjir furent illégalement mis sous mandat de depuis le 21 mars 2016, sous les fallacieuses accusations : « tentative de trouble à l’ordre publique, opposition à une autorité légitime et provocation à un attroupement nonarmé ». Le parquet du tribunal de première instance de N’Djaména et la justice tchadienne en général exécutent servilement les ordres directs du Général président Sultan Déby, violant ainsi l’article 21 de la constitution qui stipule : « Les arrestations et détentions illégales et arbitraires sont interdites ».
Les articles 21 et 27 de la Constitution de la république du 31 mars 1996 garantissent les libertés fondamentales et
notamment la liberté d’expression et le droit de manifestation Est-ce un délit, d’appeler les citoyens à manifester pacifiquement contre un 5ème mandat du Général président sultan Déby à la présidence de la république ?
Les crimes contre l’humanité commis en 26 ans de règne absolu ont fait 30.000 morts selon les estimations des organisations des droits de l’homme. Pourquoi les masses populaires tchadiennes victimes de cette folie et tyrannie meurtrière, devraient elles accepter de reconduire au pouvoir l’Hitler tchadien ? Aucun peuple au monde n’accepterait de prolonger des telles souffrances.

Poursuivant sa terreur à l’égard des leaders de la Société civile, un 5ème membre, Dr Albissaty Al Assam parole de
l’Association « Ça suffit », fut arrêté le 04.04.2016 et incarcéré dans la même prison d’Amssinéné où les 4 autres
étaient détenus. A l’instar des ses camarades détenus, le Parti, ACTUS/prpe condamne avec la plus grande fermeté cette arrestation et embastillement illégaux et politiques. Nous réitérons notre soutien indéfectible et solidarité militante au Docteur Albissaty et aux 4 autres victimes de la dictature criminelle du Général président Sultan Déby.
L’arrestation du Dr Albissaty malgré la présence du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, constater la situation politique tendue au Tchad, est un signe que le despote décide briser toute velléité de contestation de son pouvoir.
Si le tyran est si adulé par son peuple, comme le répète inlassablement ses thuriféraires, comment justifierait-il sa propension maladive à réprimer dans le sang, tuer, ou embastiller les citoyens qui manifestent pacifiquement ?
Pourquoi le peuple devrait-il alors continuer à subir, les affres du despote Déby et son clan familial, prédateurs voraces des ressources nationales et rentiers du pouvoir ? Les assassinats, la corruption, les détournements des deniers publics, le népotisme, l’impunité qui caractérisé ce long règne absolu de 26 ans, ont pour conséquences la paupérisation exponentielle Mobiliser pour Construire des masses populaires et le maintien de la pathétique performance du classement du Tchad parmi les 10 derniers pays les plus pauvres (183ème sur 185 pays selon le rapport IDH 2015 du PNUD), malgré les milliards de pétrodollars et d’aides financières internationales.

Est-il besoin de rappeler que toute l’administration publique des Finances et d’Économie (Ministères, Directions générales, Douanes, Trésors, Télécommunications, entreprises para publiques, l’Armée, la Police, la Gendarmerie…), les entreprises privées (Transports, Btp, Import-export, Communications….) sont dirigées par les membres du clan présidentiel, parmi lesquels certains font preuve d’incompétence notoire, car semi lettrés ou analphabètes.

A titre d’illustration, citons le cas de l’Ex Directeur Général des Douanes du Tchad, M. Salaye Déby non titulaire d’un Baccalauréat et qui ayant détourné 136 milliards de FCFA, bénéficie de l’impunité.

Le népotisme et l’apartheid social pratiqué par le tyran Déby, ont exclu d’emploi dans la fonction publique des milliers de jeunes cadres diplômés et compétents. Les salaires, les bourses d’étudiants, les pensions des retraités… ne sont pas payés depuis plusieurs mois. Cette punition collective est un acte criminel du tyran.

Cela est révoltant et inadmissible pour un pays pétrolier Face cette tragédie que vivent les masses populaires depuis 26 ans, Les 5 Leaders de défense des droits de l’homme ont le droit et le devoir d’appeler à manifester pacifiquement contre une pérennisation au pouvoir d’une des dictatures les plus féroces du monde.

A la lumière de la tragédie de la dictature que vivent les masses populaires tchadiennes, le parti ACTUS/prpe
►exige du Général président Sultan Déby, la libération immédiate et inconditionnelle des 5 Leaders de la société civile et organisations de défense des droits de l’homme : Madame Céline Narmadji, M.Mahamat Nour Ibedou, M.Nadjo Kaina Palmer et M.Younous Mahadjir et Dr Albissaty Saleh Allazam.

►demande à la communauté internationale, et plus particulièrement à la France qui apporte son soutien multiforme depuis 26 ans au dictateur Déby, de cesser cette aide qui renforce la tyrannie contre le peuple tchadien.
Les interventions militaires françaises ont permis de sauver in extremis le dictateur Déby de l’offensive des forces de résistances nationale (bras armé du peuple). La dernière était celle spectaculaire ou les résistants avaient encerclé le palais rose du tyran. [Cf. La Croix du 7 février 2008]
Le silence du Gouvernement français face aux arrestations massives en cascades des défenseurs de droits l’Homme, n’équivaudrait-il pas à une assurance tous risques au tyran de continuer en toute impunité de violer les droits de l’homme ?

► demande à l’Union africaine et à l’Union européenne et à l’Onu de condamner sans contorsions diplomatiques les crimes du Général président Sultan Déby contre le peuple tchadien, car comme tous les autres peuples du monde, il aspire à la démocratie et au bien-être social.
Aucun peuple au monde ne voterait de son propre gré pour un candidat qui affame, assassine, humilie, détruit le pays…, par conséquent la bienveillance manifestée à l’égard du despote Déby malgré les hold up avérés des 4 scrutins précédents, exaspère le peuple et suscite un fort scepticisme sur la transparence de l’élection du 10 avril 2016.
Le peuple qui aspire à la démocratie n’acceptera plus jamais une reconduction frauduleuse du tyran avec l’onction complice de la communauté internationale. A cet effet, le préambule de la constitution l’autorise à passer à l’étape supérieure de la lutte pour conquérir ses libertés démocratiques et le bien-être social.
[ « – Proclamons solennellement notre droit et notre devoir de résister et de désobéir à tout individu ou groupe d’individus, à tout corps d’Etat qui prendrait le pouvoir par la force ou l’exercerait en violation de la présente Constitution ;- « Affirmons notre opposition totale à tout régime dont la politique se fonderait sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le confessionnalisme et la confiscation du pouvoir ; »]

►réitère son soutien militant au peuple tchadien dans sa mobilisation contre un 5ème mandat à la présidentielle du 10 avril 2016 du Général président Sultan Déby.

Vaincre le Général président Sultan Déby ou la mort, ensemble nous vaincrons car notre cause est juste.

07 Avril 2016
Le Secrétaire Général d’ ACTUS/prpe
Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum


Tchad: Deby prépare-t-il un massacre post-électoral  »Avril noir  » à Moundou?

«En effet, des militaires lourdement armés ont été mobilisés en renfort de la Police pour les élections du 10 avril comme si c’était une guerre. Les premiers chars ont été aperçus à l’entrée de la ville hier vers 23 heures et les autres ce matin.

Progressivement, Moundou offre un autre visage, du statut d’une ville à multiples convoitises à une province de la Somalie. Aussi riche que Moundou, en ressources humaines et plaque-tournante des affaires économiques entre la RCA, le Cameroun et le Nigeria, Moundou a la réputation d’être le centre du pouvoir économique depuis toujours. Qui tient la ville, tient les affaires ! Peut-on dire de manière péremptoire.

Et comme telle, cette ville est dans l’œil du cyclone. Ils sont nombreux, les partis politiques qui voudraient « gagner » Moundou ou du moins, en avoir le contrôle. Pour le MPS, perdre Moundou, c’est perdre une grande partie du « Tchad utile » et enregistrer une deuxième humiliation après celle des municipales. Le CTPD de l’actuel maire de Moundou tient à « sa » ville pour maintenir son hégémonie voire sa « ngambayité ». Kebzabo est déjà élu Président par les moundoulais lors de son meeting dans cette ville. Le Président de l’UNDR jubile déjà pour avoir été plébiscité par les populations de cette grande ville avant l’heure. Dadnadji se bat pour prendre un « morceau » de Moundou… Toute chose qui fait dire que le 10 avril, c’est plusieurs coqs qui vont annoncer la levée du jour à Moundou. Le prochain scénario à craindre, et les signes sont déjà perceptibles dans les rapports des forces entre leaders politiques de divers partis.

Vers un Etat policier ?

Selon des sources proches des services de renseignements, les arrestations de certains militants et membres de la société civile sont déjà planifiées pour cautionner la mascarade qui se prépare. Deux (2) containers de grenades lacrymogènes sont arrivés en même temps que les chars à Moundou… D’autres sont convoyés vers les villes de Doba, Bébédjà et Goré, etc.

Selon le planning de l’Agence Nationale de la sécurité (ANS), la maison de Laokein Kourayo Médard, le siège de son parti ainsi que celui de l’UNDR seront sous haute surveillance avant, pendant et après les élections… A voir le cours des événements, il y a à craindre la « somalisation » de Moundou.

source : grat.over-blog


Tchad : aporie géopolitique et silence international avant la présidentielle

A quelques jours de l’élection présidentielle des 10 avril et 9 mai organisée sans processus électoral crédible, Idriss Déby tente d’empêcher la contestation. L’ancien chef d’Etat major de l’armée tchadienne sous Hissène Habré, arrivé au pouvoir avec l’aide des services secrets français, n’a jamais été réellement élu. Il a à son palmarès, 4 présidentielles, 3 législatives, et 1 référendum pour supprimer la limitation à 2 mandats présidentiels de la constitution. En 25 ans de pouvoir, Idriss Déby est devenu un spécialiste de la désorganisation de l’opposition, du vote multiple  et de la substitution des Procès Verbaux. Les conditions d’un démarrage de processus électoral, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de s’organiser pour l’opposition, n’ont jamais été accordées.

 

Après la suppression du nombre de mandats en 2005, les rébellions se sont multipliées, compliquant encore la poursuite du processus de démocratisation. L’Accord politique en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad’ du 13 août 2007 portant sur l’organisation des élections, soutenu par Union européenne[1], n’a jamais été appliqué[2]. En février 2008, Idriss Déby a éliminé physiquement son  principal opposant, le mathématicien Ibni Oumar Mahamat Saleh, alors porte parole de la Coordination des Partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC).

 

Après le report des législatives de 2015, pour la présidentielle de 2016, Idriss Déby a accepté une partie de l’accord de 2007, introduire la biométrie électorale. Sans surprise, le gouvernement tchadien a choisi Morpho, filiale de Safran dont l’Etat français est actionnaire à hauteur de 15,4%, entreprise proche de l’armée française depuis l’élection en Côte d’Ivoire en 2010. Cette biométrie a permis d’améliorer le fichier électoral et devrait permettre de limiter les votes multiples. L’introduction de la biométrie ne s’est cependant pas faite de manière transparente. Après qu’une une clause du contrat de Morpho n’ait pas été respectée concernant l’authentification biométrique pendant la distribution des cartes biométriques, un conflit a persisté.

 

Des ministres et des dirigeants d’entreprises publiques et privées ont été mobilisés pendant le recensement électoral et ont distribué de l’argent. Selon le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, 200 000 mineurs ont dû être ensuite enlevés du fichier, et des fraudes ont été organisées à l’aide de faux certificats de naissance. Des réfugiés soudanais et centrafricains ont été enrôlés, à l’intérieur ou à l’extérieur des camps de réfugiés du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR)[3]. La population de plusieurs régions a été gonflée. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est totalement acquise au président. La presse libre n’existe quasiment pas et les media publics font campagne pour le président sortant. Le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS) et l’armée contrôlent l’administration. De faux petits partis ‘alliés’, plus de cent, sont financés pour communiquer vers l’étranger. Des candidats ont été exclus, dont, pour des motifs saugrenus, Ngarlejy Yorongar, leader du parti Fédération action pour la République (FAR).

 

La population ne supporte plus le chef de l’Etat. Depuis début février et l’affaire du viol d’une adolescente, fille d’un opposant, par des proches du pouvoir, la peur commence à « changer de camp ». De nombreux petits rassemblements ont lieu, les marchés deviennent des espaces de débat, où les origines régionales se mélangent. La jeunesse tchadienne commence à sortir comme d’autres jeunesses africaines. En outre, le président est malade et fait des allers-retours entre l’hôpital américain à Paris (Neuilly) et le Tchad, ce qui accentue le rejet d’un cinquième mandat.

 

La société civile sait qu’une fois de plus le chef d’Etat n’est pas prêt à accepter les règles du jeu de la démocratie. Renforcée par l’Union des syndicats tchadiens (UST), elle se mobilise dans la non-violence contre le cinquième mandat, et le maintien au pouvoir à vie, par des opérations « villes mortes », synonyme de grève générale, ou des « journées sifflées », symbolisant le coup de sifflet final.

 

De 1990 à début 2016, le président n’a jamais autorisé les manifestations. En 2015 et début 2016, il a laissé a plusieurs reprises l’armée tirer sur des manifestants, montrant qu’il n’hésiterait pas à faire tirer quel que soit le nombre de morts. Le 23 février, la marche organisée par les partis politiques a été interdite et Idriss Déby a sorti dans les rues de Ndjaména la Garde nationale et nomade, alors que des dizaines de milliers de lycéens s’apprêtaient à rejoindre la marche. Malgré cela, le lendemain, la ‘ville morte’, organisée par le collectif ‘Cà suffit !’ a connu un succès populaire.

 

Le collectif ‘Cà suffit !’ appelle à la grève à partir du mardi 29 mars et à une marche 5 avril[4]. Craignant cette protestation inédite, Idriss Déby essaye de neutraliser la société civile. Les forces de l’ordre ont arrêté le porte parole de la coalition ‘Ça suffit !’, Mahamat Nour Ahmat Ibedou[5], le leader du mouvement citoyen Iyina (‘on est fatigué’), Nadjo Kaina Palmer, le secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad, Younous Mahadjir, et la porte-parole de la coalition ‘Trop c’est trop’, Céline Narmadji. En France, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI), le 23 mars, s’est contenté sur cette question de rappeler un « attachement au respect, partout dans le monde, de la liberté de manifester pacifiquement. »[6]

 

Une fois de plus, la répression au Tchad se déroule sous les yeux des conseillers militaires français, nombreux en raison de l’opération Barkhane, dont des coopérants militaires travaillant par exemple à une « politique de ressources humaines »[7]. Le président de l’Union africaine en 2016 est resté très proches des militaires français depuis 25 ans. La lutte contre le terrorisme dans le Sahel lui a permis d’attendre du soutien en échange des services rendus aux gouvernements occidentaux. Depuis l’alliance militaire franco-tchadienne au Mali[8] et malgré l’aide d’Idriss Déby à la Séléka en 2013 en Centrafrique[9], le soutien occidental aux démocrates tchadiens est resté conditionné aux stratégies militaires. Ce choix univoque met en danger la stabilité du Tchad à plus long terme. Le président tchadien actuel empêche le développement d’une culture démocratique structurée dans un pays très marqué par les stratégies de résistance armée.

 

Idriss Déby veut s’imposer au premier tour par des résultats fictifs et le déploiement de la Garde présidentielle Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l’Etat (DGSIE), comme Denis Sassou Nguesso vient de le faire en République du Congo. Des logiques identiques conduiront à des crises identiques. Une mascarade électorale de plus sera difficilement supportée par la population. Le Tchad ne peut plus être considéré comme une zone militaire et un réservoir de mercenaires pour des opérations de la paix.

 

Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français de :

–        faire pression sur le gouvernement tchadien pour que soient respectées les libertés constitutionnelles, en particulier le droit de manifester, et les droits humains pendant la période électorale, et que soient libérés les prisonniers de la société civile,

–        exiger, avec l’Union européenne, que le processus électoral, pour l’instant peu crédible, le redevienne en particulier le jour du scrutin et au moment du rassemblement des résultats et de la publication de résultats détaillés vérifiables, et que la fin du processus électoral soit accompagnée d’un dialogue inclusif avec les partis d’opposition véritables,

–        dénoncer toute fraude, tout manquement à la transparence garantissant la valeur des résultats, et toute inversion de résultat probable qui pourraient advenir au premier et second tour de la présidentielle,

–        considérer au niveau de l’Union européenne, la qualité du processus électoral, en vue d’adapter la coopération française et européenne à l’absence de démocratie au Tchad et d’aider le Tchad se démocratiser,
–        considérer et réviser la lutte contre le terrorisme en évitant le soutien d’un régime non-démocratique et la confusion entre personnalité au pouvoir et fonction présidentielle,
–        réorienter la politique française en Afrique dans le sens d’un soutien accru à la démocratie, en limitant l’influence de la politique de défense et sécurité et de ses acteurs, en particulier à Djibouti et au Tchad.

 

14 signataires : Forces vives tchadiennes en exil, Rassemblement National Républicain (RNR, Tchad), Union pour le Salut national (USN, Djibouti), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Union des Populations du Cameroun (UPC), Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE, Bruxelles et Paris), Conseil National pour la Résistance – Mouvement Umnyobiste (CNR-MUN/Cameroun), Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Amicale panafricaine, Afriques en lutte, Parti Communiste Français (PCF), Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts (EELV).

Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, Paris

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[1] https://eeas.europa.eu/chad/accord_politique_2007_fr.pdf
[2] 24.12.8, Coordination des Partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) https://ambenatna.over-blog.com/article-26159352.html
[3] Saleh Kebzabo en conférence à Paris le 27.2.16 + https://www.rfi.fr/afrique/20151228-tchad-saleh-kebzabo-appelle-dialogue-idriss-deby-pouvoir-etat-election
[4] https://www.rfi.fr/afrique/20160323-tchad-greve-emprisonnements-societe-civile-Iyina-suffit-deby
[5] Egalement secrétaire général de la Convention Tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDDH)
[6]https://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?fichier=bafr2016-03-23.html#Chapitre1
[7] Amiral Marin Gillier, 5.2.14, https://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/13-14/c1314033.asp#P8_269
[8] Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire, 15.12.13, https://electionsafrique.org/Tchad-2013-la-rehabilitation.html
[9] Influence et implication d’Idriss Déby en Centrafrique de mi-2012 à janvier 2014, 5 mars 2013, https://electionsafrique.org/Influence-et-implication-d-Idriss.html