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Interview: La privatisation de l’économie tchadien

Interview exclusive faite en direct sur la page Jeunes Tchad (facebook) avec le socio-économiste Maana Brahim Litassou, le 30 juin 2012.

 

Jeunes Tchad: Socio-économiste vivant en exile. Que pensez-vous de la chute de l’économie du Tchad? Et quel est le rôle de l’Etat ?

Maana Brahim Litassou: En 2010 le Tchad était classé 163e mon   dial et le rapport Doing Business de la Banque mondiale 2011 classe le Tchad au 183e et dernier rang mondial avec un Indice de Développement Humain de 0,328. Dramatique c’est peu dire après neuf ans d’exploitation de pétrole qui devrait en principe booster l’économie et surtout transformer l’agriculture de subsistance en une agriculture intensive autant que l’élevage. C’est encore phénoménal lorsque nous voyons des cris d’alarmes, et des morts de suite de famine, après que notre Tchad soit entré dans le club très fermé des producteurs de pétrole et surtout déclarait une croissance à deux chiffres deux ans plus tôt ! Du point de vue économique, il n y’a pas de mot pour décrire une telle situation, d’où la dénonciation de la FAO qui dit ne pas comprendre les pays africains qui ont « une forte croissance » mais dont les peuples crèvent de faim.

Dans un pays où 80% de la population vie sous le seuil de la pauvreté, le rôle de l’Etat est de réguler coût de vie et revenu de la population : empêcher qu’il y’est des prix prohibitifs.

HAKOUMA DA YATOU ? HAKOUMA DA HANINA

Or, l’Etat tchadien n’est Etat que par rapport aux bénéfices prébendiers fait par les dignitaires du Régime et particulièrement la famille du Sultan Idriss qui a pris en otage toutes les affaires politico-économiques du pays. N’oubliez jamais cette réalité sociale des dignitaires qui ne cessent de marteler : « HAKOUMA DA YATOU ? HAKOUMA DA HANINA » « L’Etat c’est qui ? L’Etat c’est nous ! » Cela signifie que l’Etat n’est pas celui du peuple Tchadien mais l’Etat appartient bien au Clan !

Jeunes Tchad: La guerre ou l’instabilité politique est l’une des causes  qui freine l’investissement au Tchad. Quelle est la préoccupation pour l’Etat tchadien?

Maana Brahim Litassou: La sécurité individuelle et collective des personnes et de biens d’une nation est du ressort exclusif de la Cité donc de l’Etat. C’est sa fonction dite régalienne. C’est par rapport à cette sécurité que le sujet paye des tributs au roi, que le citoyen paye des impôts à la République. Lorsqu’un investisseur, qu’il soit national ou étranger, veut s’établir dans un pays donné, c’est qu’il se sent lui, sa famille, donc ses partenaires et ses biens en sécurité non seulement ici et maintenant mais en plus avec une garantie de pérennité d’où les entreprises d’assurance.

Au fait, pourquoi y’a-t-il tant de guerres au Tchad depuis l’indépendance ? C’EST UNE SIMPLE QUESTION DE GESTION RATIONNELLE DES RESSOURCES HUMAINES, NATURELLES ET DONC UNE QUESTION D’ECONOMIE. Aussi naturel que les mêmes causes produisent les mêmes effets, L’ETAT TCHADIEN EST LUI-MEME LA CAUSE UNIQUE AU TCHAD DES CONFLITS DESORMAIS ENDEMIQUES.

Aujourd’hui, au Tchad, il n’existe pas cet Etat qui assure la sécurité des personnes et des biens d’où son classement en 2011 à la 183e et dernière place des meilleurs pays pour investir.

Jeunes Tchad: Nous remarquons depuis l’événement du 02 février 2008, la vie devient de plus en plus chère, pourquoi ce changement ?

 Maana Brahim Litassou: En réalité la cherté de vie actuelle n’est pas brusque. C’est celle de 2003 qui fut brutale et donc sauvage lorsque l’œuf vendu à 15FCFA l’unité et 25FCFA les deux à Kélo est passé à 150FCFA l’unité. Le prix a été multiplié dix fois du jour au lendemain. On pourrait parler de l’inflation due à l’arrivée du pétrole. Et d’ailleurs bien avant cela vous auriez constaté le prix du jus des fruits à la Moulinex à Ndjamena dans les restaurants qui sont passés de 125FCFA à 300FCFA puis 500FCFA en 2000. Depuis lors le coût de vie ne s’est plus stabiliser.

En économie, on parle de glissement de la monnaie quand la monnaie perd sensiblement de sa valeur sans être dévaluée formellement. Mais lorsque cela prend une tournure considérable c’est l’inflation. Cela peut évidemment conduire à une dévaluation sous d’autres cieux et en d’autres circonstances. Or le Franc CFA adoubé par l’Euro n’est plus une question économique mais plutôt politique.

Au Tchad c’est l’Etat lui-même qui est commerçant ! Ce sont les membres du Clan au pouvoir qui tiennent toutes les affaires. C’est pourquoi la cherté de vie que l’on observe au Tchad n’est ni l’inflation encore moins de l’hyperinflation. Les prix qui galopent sont volontaires. Lorsque vous achetez un mouton à 10mille FCFA et qu’après abattage vous gagnez 20mille FCFA, vous faites du 100% de bénéfice ! Déjà ce n’est pas très probe. Mais quand vous gagnez 50mille voire 70mille FCFA, ce n’est plus de l’inflation.

Jeunes Tchad: Comment faire face à cette conjoncture structurelle ?

Maana Brahim Litassou: Il est très difficile pour ne pas dire impossible de trouver une réponse économique satisfaisante à cette question. Le cas du Tchad n’est pas une question de conjoncture structurelle. C’est même la refondation de l’Etat et celle du peuple en tant que nation qui sont l’enjeu. Sans un Etat organique, il ne peut y avoir de solution intermédiaire ou une part de solution. Une politique économique, c’est l’Etat qui la crée, c’est l’Etat qui la met en œuvre. Au-delà des composantes même d’un Etat qui sont Territoire Population Gouvernement, ce sont des institutions viables au niveau de l’Exécutif (Gouvernement), du Législatif (Parlement), du Judiciaire (Justice) et bien évidemment, d’une Armée garante de ces institutions qui font l’Etat.

Jeunes Tchad: Après l’exploitation de l’or noir, la récession économique est accru considérablement et pourtant le pétrole était censé favoriser l’émergence ou la croissance du niveau de vie de la population.

Maana Brahim Litassou: L’agriculture en 2004 occupait 80% des Tchadiens avec seulement 22,6% de part dans le PIB et le taux d’inflation (IPC) était à 8%. En 2011, nous sommes 183e à l’IDH, le dernier de la classe ! Seuil de pauvreté : Non connu. Normal, des Tchadiens crèvent de famine ! Vous voyez que le pétrole est venu appauvrir les Tchadiens. Sans le pétrole, le Tchad était mieux classé qu’avec cette manne. Ces chiffres sont validés par le Fonds Monétaire International dont 80% correspondent au volume des populations vivant en dessous du seuil de pauvreté !

Jeunes Tchad: Le Général Deby avait misé sur l’infrastructure, (construction des routes, des bâtiments,…) alors que le paisible citoyen n’a même pas de quoi à manger. Peut-on favoriser l’infrastructure au détriment de la disponibilité des produits de première nécessité ?

 Maana Brahim Litassou: Avant de répondre précisons d’abord une chose. Lorsque nous parlons des produits de premières nécessités nous rentrons dans la théorie de Maslow sur l’échelle des besoins de l’homme. Au bas de son échelle qui en compte cinq, ce sont d’abord des besoins de survie c’est-à-dire se nourrir et se sentir en sécurité. Cela implique l’autosuffisance alimentaire, la sécurité individuelle et collective ; donc le rôle régalien de l’Etat. Créer les conditions afin que le peuple puisse produire. Ensuite, vient la mise en valeur de la personne dans son milieu. Cela regarde d’abord l’individu lui-même qui doit se réaliser, et puis l’Etat qui doit veiller à l’éducation de base, à la formation, à la promotion de l’emploi tant dans le privé (encourager et faciliter la création des entreprises par une fiscalité alléchante) que dans le public (permettre aux services public et parapublic d’être compétitif avec une ressource humaine de qualité.) Ce qui implique également une formation adaptée aux besoins nationaux et un management rationnel du personnel et des entreprises publics produisant des rapports réguliers d’évaluation tant du personnel que des services. À suivre…

Si ce n’est pas de la fiction, vous n’avez pas le droit d’envoyer un individu du niveau cours élémentaire première année négocier un contrat avec la crème de l’élite tant orientale (Chine, Japon, Inde) qu’occidentale (Europe, Amérique)

Cela dit les infrastructures sont une source d’emploi réelle d’où la maxime « quand le Bâtiment va, l’économie va.». Cependant, ayons à l’esprit qu’une bonne partie de crises que le monde vit aujourd’hui vient aussi de ce secteur (voir le cas de la Grèce). C’est-à-dire, il ne faut pas que privilégier les infrastructures sans prendre en compte le panier de la ménagère. Que ceux qui travaillent sur les chantiers, et tout le peuple d’ailleurs, parviennent à se nourrir. Car si leur revenu ne leur permet pas de subvenir à leur besoin parce que le coût de vie est très élevé alors les infrastructures ne peuvent plus servir. Elles sont faites pour le long terme. Qui va louer les maisons construites si les gens n’ont pas l’argent nécessaire ? Qui va utiliser les routes si les entrepreneurs n’arrivent pas à supporter les impôts ? C’est une question de rationalité donc de la validité ou mieux de la portée de la politique économique en tant que telle.

Nabil Montasser: Que pensez-vous du déséquilibre régional du développement en Afrique et surtout au Tchad? Et de la politique d’endettement des pays du tiers monde?

Maana Brahim Litassou: Le déséquilibre régional du développement en Afrique est dû à la faiblesse des Etats africains du point de vue des compétences ! La gestion des ressources humaines et des richesses exigent une efficacité à toute épreuve ! C’est pourquoi la formation de l’Elite dans les Etats développés est la condition sine qua non de leur expansion !

Si ce n’est pas de la fiction, vous n’avez pas le droit d’envoyer un individu du niveau cours élémentaire première année négocier un contrat avec la crème de l’élite tant orientale (Chine, Japon, Inde) qu’occidentale (Europe, Amérique). Lorsque vous sortez une idée votre interlocuteur en déballe mille à la suite ! L’économie c’est la vraie guerre, ce n’est pas un jeu d’enfants s’il vous plaît. Rions un peu, « les moutons broutent ensemble mais n’ont pas le même prix ». Le Cameroun juste à côté à mieux négocier ses intérêts dans le pétrole tchadien que le Tchad lui-même !

Qui dit concurrence dit compétitivité. Si le Tchad ne dispose pas de politique ni de personnel compétent pour négocier des contrats très stratégiques comme le pétrole, il ne faut pas compter sur son concurrent, qui qu’il soit, pour nous faire la part belle. IL ne faut pas se faire d’illusions.

Nabil Montasser : Je parle de déséquilibre entre les régions dans un même pays, comme entre le nord et le sud au Tchad?

Maana Brahim Litassou: Ah Ok ! Cela revient au même ! Il est question d’éducation, de décentralisation lorsqu’il s’agit d’un même pays.

Jeunes Tchad: Bienvenue Mr Nabil. Mr Maana si on comprend bien, la théorie de Maslow sur l’échelle des besoins de l’homme, y a d’abord l’autosuffisance alimentaire, la sécurité individuelle et collective, l’éducation, la production et création d’emploi. La Chine est devenue un partenaire d’appui au développement, et nous savions que la politique économique de la Chine est d’exporter sa main d’œuvre. Comment l’Etat tchadien peut-il créer de Travail pour réduire le taux de Chômage ?

Maana Brahim Litassou: Pour réduire le taux de chômage, il faut tout d’abord créer des conditions de sécurité de personnes et de biens tout en faisant des lois fiscales attrayantes et allégeant la lourdeur administrative ou la paperasse comme on dit. Cela incitera les entrepreneurs à investir donc à créer des emplois. Ensuite, il faut adapter la formation aux besoins nationaux tout en exigeant la qualité donc la compétence par le savoir-faire (techniciens, praticiens) et le savoir faire-faire (formateurs des formateurs ou Coaching).

La Chine comme tous les partenaires économiques travaillent pour leur intérêt. Ils ne viennent pas au Tchad ni en Afrique d’ailleurs pour des œuvres de charité ! L’économie, au delà de la gestion rationnelle de produits rares, c’est la concurrence. Qui dit concurrence dit compétitivité. Je le disais, la Chine, la Malaisie, les Etats Unis comme tous les autres partenaires sont des concurrents, qui plus est, très rompus à la compétition, à la haute voltige s’il le faut.

Nous n’avons pas une main d’œuvre qualifié, question de formation et d’objectif. Or la Chine elle l’a.

Jeunes Tchad: Intéressant! Comment expliquez-vous qu’avec toutes les richesses et les potentialités dont dispose le Tchad, l’économie est en récession ?

 Maana Brahim Litassou: L’économie tchadienne est en récession c’est peu dire. Le Tchad n’a aucune politique économique. Cherchez sur le site de l’INSEED et vous verrez que depuis 2005, il n y a presque plus de statistiques économiques véritables sur le Tchad. Sachant qu’en 2005, nous avons remporté avec audace la médaille d’or de la corruption. Depuis lors, nous sommes très avares et faisons économie des chiffres. Tous les taux confondus sont non parvenus, non connus. C’est la déprime et cette phénoménale sortie d’une justice en déboire par les arrestations inouïes dans le milieu financier tchadien ces derniers jours démontre à suffisance la perte totale de contrôle.

Jeunes Tchad: Alors quelle est la part de la jeunesse dans l’activité économique ?

Maana Brahim Litassou: Hum Jeunes Tchad ! Là est le problème. D’abord je vais être long sur cette question comme un article. Avant d’y répondre je vais faire une mise en garde : que la jeunesse tchadienne reconnaisse que nous sommes ici sur la toile SOUS LE REGARD DU MONDE. Nous ne sommes pas ici dans la cuisine de notre chère maman. Voici comment le monde nous voit : A l’Indice mondial de compétitivité le Tchad est lassé 131e sur 133. Institutions/gouvernance 131e /133 Formation et enseignement sup. 133e/133. Santé et enseignement primaire 133e /133 Paiement des impôts 133e /133 Infrastructure 133e /133 Efficience du marché des produits 133e /133 Protection des investisseurs 132e/133 mondial. Création d’entreprise 182e sur 183 mondial.
Nos meilleurs classements Stabilité macroéconomique 82e sur 133 Octroi de permis de construire 73e sur 183 mondial.

Pour rappel en 2010 le Tchad était classé 163e mondial à l’IDH. En 2011 nous sommes 183e sur 183. Très belle performance comme « vitrine » non pas de l’Afrique mais du monde à l’envers.

Alors, il existe des dictons dans nos langues que j’exploite. Deux expressions Massa disent une et même chose : « Toi Homme-homme (courageux), dois jeter ton bol », « Toi, Homme-homme, face à une situation, sèche ton sang ». Ces paroles enseignent que devant une situation, il faut s’efforcer jusqu’au sacrifice de soi s’il le faut pour réussir. Ce ne sont pas nécessairement des paroles de guerres. NON. C’est la conviction, c’est l’abnégation, c’est « A cœur vaillant, il n’y a rien d’impossible ». J’ajoute mon préféré, le proverbe Toubou « Si un homme comme toi creuse un puits dans un rocher c’est que toi aussi tu peux »

Le Tchad est le dernier de la terre. C’est vérifié, et sur plusieurs années de suite.

Une jeunesse formée et organisée permet de signer des pétitions, de faire des démonstrations, de manifestations, donc de faire réfléchir et fléchir décideurs et législateurs. C’est en cela que la jeunesse devient « fer de lance de la nation ». Ce n’est jamais un acquis. Ce titre est une action, une lutte permanente qui passe d’une génération à l’autre. SANS CETTE ORGANISATION, C’EST COMME SI LA JEUNESSE TCHADIENNE N’EXISTAIT PAS TOUT SIMPLEMENT. Et c’est le cas présent au Tchad si je ne m’abuse. La jeunesse est divisée, sclérosée j’allais dire. A lire nombre d’entre ces jeunes incapables de s’exprimer clairement sur facebook mais pire qui tuent le temps à s’injurier copieusement comme si les injures constituaient une école, un stage ou un apprentissage, il ya des soucis à se faire. Au-delà de l’ignorance due à une carence d’éducation de base, l’obscurantisme religieux gangrène une jeunesse en mal de se trouver. Il est des jeunes Tchadiens qui ne comptent que sur l’appui d’un tuteur ou d’un parent haut placé corrompu ou pas ne les intéressent guère. Sur ce, il ya du chemin à parcourir car une jeunesse qui compte sur la corruption, le népotisme, la concussion, la luxure, pour se hisser n’est plus une jeunesse. Je leur préfère des « vieux jeunes » en lieu et place des « jeunes vieux ». SANKARA avait un slogan « JEUNES VIEUX ! A BAS ! » Les « jeunes vieux » sont le cancer même de la société. Lire le poème du Général Américain PATON « La jeunesse ». Par contre, il ya espoir, qu’avec des jeunes comme Jeunes Tchad, nous pouvons nous permettre le « HASTA LA VICTORIA SIEMPRE » ! Du CHE.

Enfin, sous réserve qu’une politique économique existe, pour influencer l’économie, il faut que la jeunesse soit organisée en association culturelle, économique, sociale, professionnelle, syndicale bref que la jeunesse soit partie prenante dans la société active ou civile. Que la jeunesse sache qu’elle doit se former régulièrement en vue d’assurer et d’assumer l’avenir du pays. Une jeunesse non organisée n’a aucune part justement dans quoi que ce soit. TOUT SE FAIT A SON INSU SOUS SON REGARD IMPUISSANT.

Jeunes Tchad: Au dernier nouvel, le ministre de la sécurité avait interdit toute activité humaine au fleuve Chari et Logone qui fait nourrir plusieurs famille, Deby avant cela, avait radié des militaires soit disant pour former une armée nationale. Quelle sera leur sort? Avec quoi vont-ils nourrir leur famille ?

Maana Brahim Litassou: Nous parlions tantôt de l’oppression qui crée le mécontentement et donc la rébellion, principal fond de commerce du Clan au pouvoir. Cela me semble logique en ce moment où l’on ne parle que de famine au Tchad, il faut bien trouver de quoi détourner l’Attention à l’intérieur comme au niveau international. Si les caméras de l’UNICEF et autres reporters curieux continuent à se braquer sur les enfants, leurs mères et les vieux, tous, mourant d’inanition, le pétrole tchadien pourrait passer dans d’autres mains que celles qui le gèrent depuis la première goutte. Il faut protéger ses arrières. C’est la fuite en avant face aux problèmes réels du Tchad.

C’est depuis 22ans c’est-à-dire l’âge de nombre d’entre vous jeunes, qu’Idriss Deby, puis Idriss Deby Itno, enfin Idriss Deby Itno Khamis « CHERCHE A FAIRE UNE ARMEE NATIONALE ». Combien de temps faut-il encore au Sultan Général Président IDIK pour « faire une armée nationale » ? D’abord lui et tout le peuple Tchadien, dont nous, savons qu’il ne pourra jamais y arriver. Il n’en a ni les facultés intellectuelles ni la volonté pour une Armée nationale. Faire une armée nationale, ce n’est pas faire un mariage. Pour rappel, il avait échoué à son diplôme d’officier depuis l’Ecole. C’est preuve qu’il ne le mérite pas ou bien ? Un Officier d’une Armée nationale donc républicaine est formé pour être au service du Peuple et non au service d’un monarque, d’un roi. C’est pourquoi lorsqu’un officier exécute un ordre illégal ou illégitime, il passe à la cour martiale. Il peut être condamné pour ce crime. Idriss Deby Itno Khamis confond être criminel et être soldat ! C’est pourtant deux choses différentes : Le criminel tue pour ses fantasmes et ses intérêts égoïstes alors que le soldat ne tue qu’en dernier recours au nom du peuple pour protéger le peuple qui lui en a donné la mission. Idriss sait qu’UNE ARMEE NATIONALE NE LE LAISSERA JAMAIS TROIS JOURS AU POUVOIR AU TCHAD. Pardon. Passons à autre chose.

Jeunes Tchad: Exode rural : les villageois viennent à N’Djamena chercher du travail, laissant derrière eux une richesse, pourquoi l’Etat au lieu d’acheter des armes, n’investit-il pas ces fonds dans l’agriculture ?

Maana Brahim Litassou: Les villageois ont-ils le choix lorsque la pluviométrie ne se fait pas clémente d’une année à l’autre avec l’avancée du désert. Pour les maintenir au village, il faut des barrages d’eau, des lacs artificiels comme c’est le cas au Burkina Faso. L’Etat tchadien n’existe que sur papier, un faire valoir pour les institutions internationales. Celui ou ceux qui le dirigent sont en réalité des commerçants légalisés par la force des armes. C’est plus ou moins une association d’hommes et des femmes véreux mieux un Cartel qui veille minutieusement à son trafic et ses influences.
Les achats des armes sont partie intégrante de leur fond de commerce. Il leur faut la guerre pour assurer leur survie. Sans la guerre, et donc sans les armes, ils ne peuvent survivre, eux et leur régime. Ils créent la guerre par l’oppression du peuple sachant qu’il y aura toujours des fils dignes pour s’opposer à eux, ils sont très sûrs de leur commerce. La guerre est leur assurance.

Développer l’agriculture mettrait hors de besoins les populations qui pourraient bien refuser d’être des esclaves et des chairs à canon comme c’est le cas présent. Régner par la famine fait partie des pratiques planifiées de Staline. C’est l’une des règles de tout tyran. Lire la Béotie « Discours de la servitude volontaire »

Jeunes Tchad: Une dernière question. Contrairement à d’autre pays, les entreprises commerciales contribuent peu au soutien et activité sociale, cela n’est-il pas dû à une défaillance de l’Etat ?

Maana Brahim Litassou: Oui et Non. Ici la défaillance est partagée. La part de l’Etat est dans la formation civique des citoyens. Le reste est dû à une population entrepreneuriale tchadienne ignorante (des entrepreneurs analphabètes) des normes des bienfaisances publiques et de mécénat voire de l’existence des lobbies. C’est à la Chambre de Commerce de former et d’informer les entrepreneurs que les lobbies sont en fait des organes d’influence qui existent par rapport à un système étatique viable et qui par la suite pérennisent cette viabilité empêchant toute destruction de la structure tant politique qu’économique.

Le lobbying est culturel, et cela s’apprend plus dans la société civile qu’en d’autres lieux, une fois la phase de la formation civique passée. Dans d’autres pays, l’élite est formée depuis la base dans des clubs, des associations, sur ces principes. C’est même la clef pour être élu élite. Cela ne s’improvise pas et se prépare en dehors du système étatique.

Cependant, il ya un bémol. Dans les nombreuses rebellions, il  existe un certain nombre de personnes qui y investissent plus ou moins de façon informel. Sauf que c’est vu sous l’angle tribal ou ethnico-religieux et souvent mal géré ou mal orienté par ceux qui reçoivent ce soutien. C’est aussi le résultat controversé des contributions aux efforts de guerre de l’époque Habré qui furent tristement célèbres. L’Etat devra seulement assurer la sécurité des personnes et des biens et le reste, la société, y compris « Jeunes Tchad » et donc tous les médias, fera ce travail de sensibilisation, information et formation.

Jeunes Tchad: Maana Brahim Litassou, socio-économiste. Ainsi nous arrivons à terme de notre interview, merci à tout ceux qui nous ont suivie, merci infiniment à notre invité d’avoir répondu a toutes nos questions, a vous qui nous avoir suivie et bonne suite de soirée.

A la prochaine avec une nouvelle invité.

Maana Brahim Litassou: C’est moi qui vous remercie !

Jeunes Tchad: L’émergence d’une jeunesse consciente

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Brahim Mahamat LITASSOU
Saint-Cyrien, Promotion « Capitaine Stéphane »,1992-95.
Nabil Montasser président du collectif pour la défense des libertés fondamentales en Afrique Tunisie

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djarmaacheikh

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